La Brigade nationale de la police judicaire (BNPJ) a convoqué Ahmed Ouihmane et Aziz Hannaoui, respectivement président et secrétaire général de l’Observatoire marocain contre la normalisation avec Israël, suite à leurs déclarations fracassantes sur les «morts mystérieuses» de l’ex-ministre d’Etat, Abdellah Baha, et l’ex-dirigeant de l’USFP, Ahmed Zaidi. Un communiqué de l’Observatoire indique que, sur une requête du procureur général du roi à Rabat, la BNPJ a auditionné les deux hommes (les 28 août et 3 septembre) suite à une plainte adressée, le 8 mars 2018, au ministre de la justice par l’association Africa des droits de l’Homme. Et d’ajouter que «l’association Africa accuse les dirigeants de l’Observatoire d’avoir déclaré que Abdellah Baha et Ahmed Zaidi avaient été assassinés par un réseau sioniste». Le communiqué indique, par ailleurs, que Ouihmane et Hannaoui ont été menacés de mort par des militants du mouvement Amazigh, sans toutefois donner plus de détails sur l’enquête en cours.
Le quotidien Al Ahdat Al Maghribia rappelle, dans son édition du mercredi 5 septembre, que Ouihmane avait fait des déclarations retentissantes, le 2 mars 2018, lors d’une conférence sur «La violation du droit à un procès équitable». Une rencontre organisée en soutien à Abdelali Hamieddine (PJDiste accusé de meurtre) et à laquelle assistait Mustapha Ramid, le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme. Le président de l’Observatoire contre la normalisation s’était alors interrogé: «Abdellah Baha et Ahmed Zaidi sont-ils morts de causes naturelles?» Le ministre Ramid l’avait alors interrompu, mais Ouihmane est devenu plus affirmatif et a déclaré: «Il y a un réseau sioniste qui s’entraîne au maniement des armes et menace la stabilité du Maroc».
L’association Africa des droits de l’Homme a réagi à ces accusations en exprimant ses inquiétudes face à ce «danger qui menace l’Etat, la sécurité du pays et des citoyens». Ces propos sont d’autant plus inquiétants, ajoute Africa, que Ouihmane les a répétés à maintes reprises en semant le doute sur les causes de la mort d’Abdellah Baha et Ahmed Zaidi. Et de prétendre, conclut l’association, qu’il a été menacé de mort, tout comme le secrétaire général de l’Observatoire contre la normalisation avec Israël.