Abdellatif Ouahbi s’attire de nouveau la colère des juristes. Cette fois, ce sont les juges qui montent au créneau pour dénoncer l’approche adoptée par le ministre de la Justice dans la gestion de certains dossiers. Dans son numéro du mercredi 30 mars, Assabah rapporte que le Club des magistrats du Maroc s’est plaint de n'avoir pas été impliqué dans les projets de refonte de textes de lois organiques en relation avec le pouvoir judiciaire. Dans un communiqué publié suite à une réunion tenue cette semaine sur le sujet, les magistrats se disent étonnés du secret qui entoure la refonte de ces textes qui touchent pourtant au domaine important qu’est le pouvoir judiciaire et à tout ce que cela implique concernant les droits des citoyens. Selon Assabah, le Club des magistrats rappelle les orientations royales qui insistent sur l’approche démocratique et participative dans la gestion des sujets en lien avec la justice. C’est d’ailleurs un engagement qu’avait pris le ministère de tutelle après l’adoption de la Constitution de 2011. Sauf que, d’après la même source, les faits des derniers mois montrent le contraire, avec l’exclusion des représentations professionnelles de réformes stratégiques, comme celles des textes précités. Comme le précise le journal, ces derniers proposent, entre autres, le relèvement de l’âge de la retraite des magistrats à 75 ans, si la demande en est faite. Pour la représentation professionnelle, ce relèvement de l'âge de départ à la retraite pour une durée déterminée renouvelable va à l’encontre des conventions internationales, régionales et onusiennes relatives à l'indépendance de la justice. Le maintien ou non d’un magistrat en activité ne doit tenir compte, selon la même source, que de ses performances et ses capacités professionnelles, et ce pour ne pas nuire aux droits des citoyens. Comme le rapporte également le quotidien, le Club des magistrats du Maroc a profité de l’occasion pour revenir sur un autre sujet qui constitue une véritable problématique dans le secteur de la justice. En effet, son communiqué soulève, une nouvelle fois, le grand déficit en magistrats dont souffre le Maroc, appelant ainsi le ministère à désigner un nombre suffisant de juges pour faire face à la charge judiciaire et fournir le soutien nécessaire aux tribunaux en termes de personnel et d'équipement.
Par Fayza Senhaji
Le 29/03/2022 à 21h39