L’accalmie n’aura été que de courte durée. Les prix de la tomate sont repartis à la hausse à la veille du Ramadan, atteignant parfois des niveaux record, notamment sur l’axe Casablanca-Rabat. Pourtant, il y a quelques semaines, des mesures décidées en commun par le gouvernement et les professionnels avaient permis une nette détente des prix, faisant même de la tomate le produit dont le prix a le plus baissé sur les marchés des fruits et légumes.
Dans son édition du mercredi 22 mars, Al Ahdath Al Maghribia s’interroge sur les raisons de ce retour de la forte inflation, surtout que la tomate est l’un des produits les plus prisés durant le mois sacré. D’après la publication, le prix du kilo a franchi la barre des 12 dirhams entre Casablanca et Rabat, après avoir baissé jusqu’à 3 dirhams il y a quelques jours.
D’après la même source, cette hausse intervient dans un contexte où les producteurs et exportateurs de la tomate sont en colère contre le gouvernement qu’ils accusent de non-respect de ses engagements alors qu’ils ont respecté ce sur quoi ils s’étaient engagés. Un sit-in de protestation a même été organisé en début de semaine, avant la tenue de réunions avec des responsables d’Inezgane, Taroudante et Chtouka pour tenter de désamorcer la situation.
Citant le président de la Chambre d’agriculture suite à sa rencontre avec les professionnels lors du sit-in, le quotidien écrit que plusieurs mesures avaient été prises pour assurer un approvisionnement régulier des marchés nationaux et les producteurs ont bien respecté les engagements décidés à cet effet. Par moments, ajoute la même source, plus de 1700 tonnes de tomates étaient effectivement livrées aux marchés chaque jour, ce qui pourrait expliquer la baisse remarquée récemment sur les prix.
Sauf que cela a été de courte durée et la hausse actuelle des prix est partie pour durer, à en croire le responsable de la Chambre d’agriculture qui cite plusieurs facteurs pour expliquer la situation, comme la sécheresse, certaines maladies ou encore le renchérissement des coûts de production.
Ces arguments n’ont, semble-t-il, pas convaincu à eux seuls Al Ahdath Al Maghribia qui est parti à la quête de réponse auprès des professionnels. C’est ainsi qu’il est expliqué au journal que la responsabilité de cette inflation incombe au gouvernement, que les producteurs et autres professionnels de la tomate l’accusent de prendre des mesures unilatérales malgré les concertations initiales. Sur ce sujet, ils pointent surtout du doigt la décision de l’exécutif de suspendre les exportations de ce produit, sans s’en être expliqué avec les concernés.
Ces derniers, rapporte le journal, se disent choqués par la décision du gouvernement, qui a poussé certains producteurs à suspendre également l’activité de packaging au niveau des unités de conditionnement. Cette suspension n’a pas que des conséquences sur l’activité des producteurs, mais également sur l’approvisionnement du marché. A en croire les professionnels, cette activité a le mérite d’alimenter le marché local de tomates dites de «2e catégorie» (des tomates qui généralement ne sont pas exportées). L’arrêt de l’activité de packaging stoppe également l’approvisionnement des marchés en cette catégorie de tomates.
Bien entendu, Al Ahdath Al Maghribia a également interrogé les producteurs sur cette préférence qu’ils ont pour les marchés de l’export au lieu du marché local. Si le facteur prix n’est pas cité, les professionnels expliquent toutefois avoir des contrats d’approvisionnement de longues durées avec leurs clients étrangers. La décision de suspendre les exportations est de nature à nuire à leurs partenariats commerciaux avec ces clients.