Les habitants du douar d'Ighrane, près de Chefchaouen, une zone montagneuse où le petit Rayan, coincé dans un puits asséché, est mort le 6 février dernier, manquent de tout, y compris de l'essentiel.
Les routes y sont impraticables, l’approvisionnement en eau et en produits de première nécessité est difficile, et l’accès aux établissements scolaires quasi-impossible: les conditions de vie de l’ensemble de la population de cette région sont dures.
«Nous sommes contraints de nous déplacer et de parcourir des kilomètres à dos de mulet pour avoir de l’eau potable à boire. Nos femmes et les habitants de notre village souffrent en silence. De plus, je suis obligé de me lever chaque matin, très tôt, pour accompagner mes enfants à l’école, et ce, par souci de sécurité et par peur d’être attaqués par les chiens sauvages et les sangliers», explique Anouar, villageois d’Ighrane, interrogé par Le360.
Et en plus de cet accès difficile à l'eau potable, un autre problème se pose: des pistes pleines de pierraille, où manquent les moyens de transport en commun, ce qui complique le déplacement des habitants vers Bab Berred, le village le plus proche d'Ighrane, où un souk a lieu tous les lundis. Sans parler de la difficulté de se rendre à Chefchaouen, s'il faut se rendre à l’hôpital.
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D’ailleurs, et puisque l’accès à l’éducation est difficile, l'abandon de la scolarité est actuellement en hausse pour les enfants du douar.
«J’ai arrêté l’école l’année dernière, à l’âge de 16 ans. Je traversais quotidiennement 13 kilomètres, ce qui est éprouvant à la longue. Aujourd’hui, ce que nous demandons aux autorités, c’est de mettre à la disposition des enfants et des villageois des bus de transport scolaire, pour faciliter l’accès aux écoles», témoigne Mohamed, un jeune de la région.
Une vie décente, c'est ce que réclament les habitants qui ont été interrogés par Le360.