Le tribunal de première instance de Khémisset a condamné, la semaine dernière, un avocat au barreau de Rabat à deux mois de prison ferme. L’accusé était poursuivi pour incitation à la haine, atteinte à la religion musulmane sur internet et propos sexistes et diffamatoires à l’encontre d’une femme. Les services de la police de Rabat et de Khémisset avaient diligenté une enquête suite à la publication, sur la page Facebook de l’avocat, de vidéos dans lesquelles il proférait des injures et des accusations à l’encontre de plusieurs personnalités dont le gouverneur de Khémisset, le délégué général de l’administration pénitentiaire, le chef du district provincial de police et son adjoint, ainsi que d’actuels et anciens élus.
Tout en traitant ces responsables de tous les noms, il les a accusés d’avoir spolié des terrains de 12 hectares, qu’ils auraient partagés entre eux. L’avocat a, par ailleurs, accusé le chef du district de police d’avoir falsifié le procès-verbal relatif à la mort «ambiguë» d’un policier et accusé son adjoint d’avoir fait exploser sa voiture. Pour ce qui est de la femme caïd, l’accusé indique qu’il était dans son bureau quand il a entendu des cris. Il s’est penché, dit-il, à son balcon et a aperçu l’agent d’autorité qui l’insultait. Et d’ajouter qu’il lui a répondu en usant un vocabulaire on ne peut plus vulgaire.
Dans son édition du mercredi 20 mai, le quotidien Assabah rapporte qu’au cours de l’audience, l’accusé a déclaré qu’il était en colère lorsqu’il avait enregistré ces vidéos, à cause des insultes que la femme caïd aurait proférées à son encontre. Pour ce qui est des autres accusations, l’avocat a souligné que ses propos avaient été mal interprétés et qu’il n’avait pas eu l’intention de porter atteinte à l’islam ou d’inciter à la haine, d’autant qu’il est lui-même musulman.
Il reconnaît implicitement, cependant, avoir insulté les responsables sécuritaires en les accusant de lui vouloir du mal, notamment après l’explosion de sa voiture. La Cour a toutefois innocenté l’avocat des chefs d’inculpation d’outrage à un corps constitué, d’incitation à la haine et d’atteinte à la religion musulmane. Pour les autres chefs d’accusation qui pesaient contre lui, il sera condamné à deux mois de prison ferme. Un jugement qui n’a pas satisfait le ministère public, qui a interjeté appel.