Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) lance une campagne nationale sous le thème: «Mariage des mineures: suspendre l’exception…consolider la base juridique». Cette campagne nationale, qui s’étend du 6 au 16 mars, s’inscrit dans le cadre de la commémoration de la journée mondiale des droits humains de la femme qui coïncide avec le 8 mars. Un événement qui va de pair avec les recommandations du plan de travail national dans le domaine de la démocratie et des droits de l’homme. Des recommandations qui incitent à poursuivre le dialogue sociétal relatif à la révision de l’article 20 du code de la famille inhérent à l’autorisation de mariage du mineur.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du samedi 9 mars, que le CNDH, à travers ses comités régionaux, a entrepris une série d’activités de sensibilisation et de conscientisation sur le mariage des filles mineures. Il est prévu l’organisation de plusieurs tables rondes pour enrichir les débats sur ce sujet crucial afin de cerner tous ses tenants et ses aboutissants.
Dans le même contexte, le Haut commissariat au Plan (HCP) a indiqué que le Maroc compte 17,67 millions de femmes (à la mi- année 2018), soit un peu plus que la moitié de la population du royaume (50,1%). La note du HCP révèle que parmi les 55 379 mineurs mariés recensés en 2014, on compte 94,8 % de filles dont plus d’un tiers ont au moins un enfant et que la plupart des filles non célibataires (87,7%) sont des femmes aux foyer.
Le HCP indique toutefois que le nombre de mineures mariées de moins de 18 a connu une courbe descendante de 12,8% durant la dernière décennie, passant de 55 379 en 2004 à 48 291 en 2014. Certains chiffres sont significatifs, notamment en matière de fécondité, dont le taux ne cesse de baisser, aussi bien dans le milieu urbain que rural. C’est ainsi que la fécondité rurale a reculé de 5,95 enfants par femme en 1987 à 2,5 en 2014, alors que dans les villes, elle est tombée à 2 enfants par femme.
Même si la condition féminine a progressé, le taux d'alphabétisation et de scolarisation dans le milieu rural demeure assez inquiétant. En effet, une fille de 7-12 ans sur dix est non scolarisée en milieu rural et 14,8% des jeunes filles de 15 à 24 ans sont analphabètes contre 7,2% des garçons du même âge. En 2014, six femmes rurales sur dix demeurent analphabètes contre 35,2% d’hommes ruraux et 30,5% de femmes citadines. C’est dire que les disparités entre les deux sexes demeurent conséquentes et que la femme, majeure ou mineure, a toujours moins de chance que l’homme de mener une vie décente.