Le fléau du harcèlement sexuel s’est propagé dans les établissements scolaires et plus particulièrement dans les universités. Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du week-end (25 et 26 décembre), que ce phénomène a pris tellement d’ampleur dans les campus que les syndicats d’étudiants ont dénoncé, à maintes reprises, le calvaire que vivent les étudiantes dans cet espace fermé.
C'est d’autant plus gravissime que ce sont les acteurs éducatifs qui commettent ces crimes, à l’image de l’affaire «sexe contre bonnes notes», dans laquelle sont impliqués des professeurs de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Settat. Il va sans dire qu’un professeur universitaire qui profite de son autorité pour faire chanter une étudiante contribue grandement à pervertir le système éducatif.
De ce fait, ces agissements produisent, inéluctablement, une génération découragée et révoltée très encline à se venger contre la société. Autrefois, la relation entre le professeur et ses étudiants était marquée par la considération, le respect du principe d’égalité des chances et l’assiduité dans le travail. Il n’y avait pas de discrimination de genre car l’étudiante et l’étudiant étaient placés sur un même pied d’égalité sur le plan des droits et des devoirs. A l’oral, c’est la pertinence des réponses de l’étudiante qui lui permettait de réussir et non pas son physique.
Le quotidien Al Akhbar rapporte que de son côté, le professeur était redouté par sa grandeur, son charisme et son érudition qui l’immunisaient contre tout comportement malsain. Aujourd’hui, le fléau a terni l’image de l’établissement scolaire public et a poussé certains fossoyeurs à lui imputer tous les maux dans le but de le suppléer par l’école privée.
Du coup, ils considèrent l’anthropologie, l’art, la philosophie critique comme étant des matières non productives alors que ces disciplines contribuent à décrypter les maux de la société et prôner l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est dire combien il est impératif, aujourd’hui, que les acteurs de la société conjuguent leurs efforts pour juguler le fléau du harcèlement sexuel dans les établissements scolaires ou du moins atténuer ses impacts négatifs.
Car cette violence psychique contre la femme est souvent suivie par le viol et le décrochage scolaire qui peuvent engendrer des troubles psychiques graves. Il est vrai que les législateurs ont adopté la loi qui incrimine le harcèlement sexuel mais il faut élaborer une stratégie sociale pour lutter contre ce fléau en combattant ses racines et ses causes.
Il faut convenir que c’est dans le monde rural et les quartiers marginalisés des villes que se développe la violence contre les femmes. Il est tout aussi impératif d’installer des cellules d’écoute dans les établissements scolaires ainsi que des psychologues et des assistants sociaux pour venir en aide et orienter les victimes du harcèlement sexuel.