Depuis le début de la semaine dernière, les wilayas et préfectures ont entrepris une vaste opération de rappel à l’ordre visant les «fonctionnaires fantômes», ces employés absents depuis parfois des mois, voire des années, tout en continuant de percevoir leur salaire. Alertée par la persistance de ce phénomène, l’administration centrale a décidé de durcir le ton, en exigeant des responsables territoriaux qu’ils mettent fin à cette pratique ancrée de longue date dans certaines administrations locales, indique le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 20 octobre.
Sous la pression de ces nouvelles directives, plusieurs de ces fonctionnaires ont réintégré leurs postes, parfois à contrecœur. Parmi eux figureraient, selon des sources locales citées par le quotidien, les épouses de hauts responsables bénéficiant de protections. Pour donner le change, certains se contentent d’être là ou de respecter le système de pointage électronique, une manière de justifier symboliquement leur retour. D’autres, plus récalcitrants, refusent toujours de rejoindre leurs services, préférant rester à domicile ou à l’étranger.
Face à cette résistance, les walis et gouverneurs ont commencé à adresser des demandes d’explication, première étape avant d’éventuelles sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu’à la suspension de salaire ou la radiation, souligne Assabah.
Ces responsables ont ainsi récemment reçu une circulaire du ministère les appelant expressément à combattre le fléau des absences injustifiées. Depuis, une véritable course contre la montre est engagée pour assainir les effectifs.
Alors que les représentants du ministère ont réussi à imposer un contrôle rigoureux, la situation demeure plus floue du côté des présidents de Conseils provinciaux et communaux. Beaucoup d’entre eux ne sont même pas en mesure d’indiquer avec précision le nombre d’agents placés sous leur autorité, ce qui rend la lutte contre les absents quasi impossible.
Dans certaines collectivités, on estime à plusieurs centaines le nombre de «fonctionnaires fantômes» tolérés par des élus qui ferment volontairement les yeux. Les fonctionnaires des collectivités locales constituent d’ailleurs la catégorie la plus touchée par ce phénomène, largement entretenu par le clientélisme politique et les échanges de faveurs personnelles, lit-on.
Les postes sont souvent distribués en récompense d’allégeances partisanes ou de services rendus, sans réel suivi du travail effectué. Cette complaisance nourrit une culture d’impunité et alourdit les finances publiques. Pour y remédier, le ministère de l’Intérieur a récemment délégué davantage de pouvoirs aux walis et gouverneurs, notamment en matière de gestion des ressources humaines. Cette mesure leur permet désormais de superviser directement les affectations, les titularisations, les promotions et l’ensemble des démarches administratives concernant les agents territoriaux. L’objectif est de rationaliser la gestion du personnel, de mettre fin aux dysfonctionnements internes et d’améliorer la qualité des services publics rendus aux citoyens, ajoute le quotidien.
En parallèle, certains présidents de Conseils provinciaux cherchent à récupérer les employés toujours placés sous l’autorité des représentants du ministère, alors même que leurs salaires sont puisés dans le budget local. Ces tentatives traduisent une volonté de rééquilibrer les compétences entre l’administration centrale et les collectivités, mais aussi de reprendre la main sur des effectifs qui ont longtemps échappé à leur contrôle, relève Assabah.








