Le procès du parlementaire Rachid El Fayek, poursuivi en état de détention préventive, reprendra le 26 avril. C’est ce que vient de décider la Chambre chargée des crimes financiers près la Cour d’appel de Fès. La première audience de ce procès a eu lieu mardi, en mode visioconférence, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du jeudi 7 avril.
Le tribunal a décidé de l’ajourner pour donner le temps à la défense des accusés de préparer ses dossiers. Cela devrait permettre également à ceux qui ne se sont pas présentés à la première audience et sont poursuivis en liberté provisoire d’être présents. Le juge a par contre rejeté la demande de remise en liberté provisoire faite par ceux qui sont actuellement sous mandat de dépôt judiciaire. Le tribunal a justifié ce refus par la nature criminelle et dangereuse des faits qui sont reprochés aux accusés. Le ministère public s’est d’ailleurs fermement opposé à cette requête, surtout dans le cas du principal accusé, le parlementaire El Fayek, auquel le Parquet reproche également des faits de nature à entraver le cours de la justice.
Le substitut du procureur du roi près la Chambre chargée des crimes financiers avait ordonné, rappelle le quotidien, la poursuite de sept mis en cause dans cette affaire en état de détention préventive. Ces derniers ont d’ailleurs tous été internés au centre pénitencier de Bourkayz à Fès. Il s’agit du parlementaire RNI Rachid El Fayek, également président de la commune de Oulad Tayeb, de son frère J.E, président RNI du Conseil de la préfecture de Fès, de N.L, auxiliaire d’autorité (Cheikh), d'A.K, délégué dans une assemblée Souliliya, de H.D, gérante d’une société qui appartient au principal accusé, d'A.J, l’un des adjoints du président de la commune d’Oulad Tayeb chargé de l’urbanisme et d'A.R, technicien dans la même commune. Les autres mis en cause, une dizaine, sont poursuivis en état de liberté provisoire après avoir déposé une caution allant de 5.000 à 50.000 dirhams.
Les mis en cause dans cette affaire, rappelle le quotidien, sont poursuivis pour corruption, détournement de fonds, dilapidation des deniers publics, faux et usage de faux, destruction intentionnelle des documents officiels et administratifs, fraude, escroquerie et spoliation des terres soulaliyates, entre autres chefs d’inculpation aussi graves les uns que les autres. Bref, c’est une affaire qui a secoué la ville de Fès, note le quotidien.
D’après le journal, les investigations menées par les éléments de la BNPG, notamment la brigade chargée des crimes économiques et financiers, ont pu permettre de découvrir des détails ahurissants de cette affaire et, surtout, le fonctionnement de ce réseau. Pour faire simple, explique le quotidien, le réseau est dirigé par le parlementaire, son frère se charge de gérer les intermédiaires. Lesquels intermédiaires ont pour tâche de repérer les membres des assemblées soulaliyates et les ayant-droits, se chargent de les convaincre de céder leurs droits et de les mettre, ensuite, en contact avec des avocats qui consignent leur renoncement à ces droits dans un document officiel. Cela en échange, bien sûr, d’une contrepartie financière.
Ce document sert par la suite à monter un dossier de lotissement de la parcelle en question et, plus tard, de construction d’immeubles. Naturellement, c’est le président de la commune qui, usant de son influence, se charge de cette partie. Les autres membres du réseau, architectes ingénieurs civils et certains responsables et membres du service de l’urbanisme de la commune s'occupent du reste, notamment du raccordement au réseau d’assainissement, de l’eau potable et de l’électricité. La partie financière, ou la collecte de pots de vin, est confiée à une assistante qui travaille dans l’une des sociétés du parlementaire.