Vous ne trouverez plus, désormais, d’immigrés subsahariens dans les environs de Ceuta. Ils ont en effet, manifestement, tous fui vers une destination inconnue. Les tragédies vécues dans la région par cette communauté vont du viol à la véritable chasse à l'homme menée par des milices locales. L’hebdomadaire arabophone Al Aan consacre ainsi son dossier de la semaine, à paraître ce vendredi 28 mars, aux immigrés subsahariens. "La vie de plusieurs d’entre eux s’est transformée en enfer, après que des milices locales aient décidé des les expulser du nord du royaume ", affirme le journal. D’après le magazine, "c’est au milieu de la controverse croissante sur la situation des immigrants descendants de pays d’Afrique subsaharienne, que la campagne "Je ne m’appelle pas Azzi", organisée par la coordination "Papier pour tous", a été lancé pour une durée de deux mois, afin de du lutter contre le racisme visant les immigrés. A en juger par Le Temps, "cette campagne anti-raciste divise le Maroc". Pour le magazine, "le caractère exceptionnel de cette campagne n'a pas laisse pas indifférent. Il y a juste quelques mois, cela aurait été inimaginable que le Maroc officiel admette même à demi-mot l'existence du racisme".
Une histoire occultée
Dans un même contexte, Tel Quel nous emmène dans la vallée du Drâa, une région où les Noirs sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone. L’hebdomadaire nous propose une plongée dans l’une des dernières formes de discrimination raciale qui ne dit pas son nom. "Le quartier Zaouïa El Baraka, situé au cœur de Zagora, est habité majoritairement par une population noire… Le cheikh du quartier surveille les environs. Il est blanc et se revendique de la Zaouïa Nassiria, ce qui fait de lui un noble. Le reste de la population, à savoir 90% des 4.000 âmes qui y vivent sont des Haratines, des descendants d’esclaves noirs". Bienvenue dans le Maroc d’un autre temps. Le reportage nous plonge dans l'histoire occultée faite "d'apartheid organisé, de servitude involontaire, au sein d’une communauté qui, bien qu’émancipée aujourd’hui, n’accepte toujours pas le mariage entre Blancs et Noirs".
Si certains ont décrié, pour d'obcures raisons nourrissant l'occultation d'une réalité dont les résidents subsahariens de même que des citoyens marocains sont témoins de la souffrance qu'elle inflige, cette campagne contre le racisme, il ne fait aucun doute qu'il faut des initiatives comme celles-ci pour, comme le dit encore Abdellatif Lâabi, "faire avancer la conscience marocaine vers l'acquisition de valeurs civilisationnelles".