Le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq a prononcé une allocution devant le souverain dans laquelle il a souligné qu’en exécution des hautes orientations royales concernant l’hébergement des étudiants de l’Université Al Quaraouyine dans ces médersas, «il a été procédé à l’hébergement des étudiants dans trois médersas parmi celles dont la restauration a été achevée dernièrement, en l’occurrence la médersa Mohammedia et la médersa Seffarine, en plus de la médersa Bouaanania».
La capacité d’hébergement de ces médersas s’élève ainsi à 105 lits, a ajouté le ministre, notant que les dispositions ont été prises, en coordination avec le rectorat, pour donner prioritairement l’opportunité d’hébergement à l’ensemble des étudiants du cycle terminal de l’université Al Quaraouyine.
Dans le cadre des efforts visant à permettre à l’Université Al Quaraouiyine de renouer avec son cursus authentique en matière de formation des oulémas, tant en ce qui concerne la pertinence des programmes, la compétitivité scientifique aux plans national et international, qu’au regard des objectifs définis par le dahir portant restructuration de l’institution, il a été procédé également à la création d’un cycle nouveau, auquel le roi Mohammed VI a donné son accord, à savoir le cycle de la Haute Alimiya, a-t-il affirmé.
Ce nouveau cycle «permet ainsi l’accès à l’Université Al Quaraouiyine, à la faveur d’un concours annuel, d’étudiants titulaires du baccalauréat se prévalant de la mémorisation intégrale du Saint Coran, qui se consacreront à l’acquisition du savoir selon un régime d’études densifié et rigoureux durant cinq ans".
«Ce type de formation convient, on ne peut mieux, au genre d’institution qu’est l’Université Al Quaraouyine, en droite ligne de la vocation que le Souverain voudrait conforter, afin de relier son passé à son présent, renforcer les compétences requises pour l'effort d'interprétation (Ijthad) et argumenter judicieusement le dialogue au sujet de cette religion et ce, de la manière la plus convenable qui soit», a fait observer Ahmed Toufiq.
Le ministre a, en outre, indiqué que le choix s’est porté sur la Médersa de Sahrij, pour l’enseignement de la filière de la calligraphie arabe et ce, conformément aux hautes instructions royales au sujet de la création de cette filière au niveau de l’Université Al Quaraouyine. La première promotion composée "de quinze étudiants a déjà entamé la formation, avec l’encadrement d’experts de l’Académie des arts de Casablanca et d’autres opérant dans la ville de Fès", a poursuivi le ministre.
Soulignant que la médersa Sebaaiyyine, faisant partie du lot de médersas restaurées, n’a pas été retenue dans l’opération d’hébergement, compte tenu de l’étroitesse de ses chambres, le ministre a indiqué que le rectorat de l’Université Al Quaraouyine voudrait solliciter du Souverain de bien vouloir l’autoriser à réserver les cinq chambres disponibles à la médersa Mesbahiya aux oulémas en charge de l’enseignement, en particulier les étrangers commis dans le cadre de la coopération internationale, à utiliser les autres unités qui s’y trouvent comme dépendances administratives pour l’Université. Et à l’autoriser à faire de la Medersa Bouananiya un espace ouvert aux visites de touristes à des heures déterminées de la journée, quand bien même elle sert à l’hébergement des étudiants, a-t-il dit.
Ahmed Toufiq n’a pas manqué, à cette occasion, de rappeler l'ouverture de la maison du "Moaqquit", une des monuments historiques restaurés, avec l'affectation d'un alem versé dans l'ordonnancement des horaires des prières, ce qui est propre à réhabiliter une discipline prestigieuse dans laquelle les oulémas marocains se sont brillamment illustrés à travers l'histoire.
Le directeur général de l'Agence pour le développement et la réhabilitation de la médina de Fès (ADER), Fouad Serrhini, a, pour sa part, présenté un exposé sur les opérations de restauration et de réhabilitation des anciennes Medersas de la médina de Fès, cette cité considérée comme un modèle intégré de la ville arabo-islamique et méditerranéenne.
Rappelant que le royaume du Maroc fut l’un des premiers pays à avoir ratifié la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de 1972, Fouad Serrhini a indiqué que la richesse et la diversité du patrimoine historique de la Médina de Fès, qui abrite plus de 30.000 artisans, ont permis à cette Cité millénaire vivante d’être le premier site du Maroc classé au Patrimoine mondial, en 1981.
Et d’ajouter que le message adressé par le roi Mohammed VI aux participants à la 23e session du comité du patrimoine mondial, tenu en novembre 1999 à Marrakech, ainsi que celui adressé par le Souverain à l'occasion du lancement des cérémonies marquant le 1200e anniversaire de la fondation de la ville de Fès, ont constitué, pour nombre de spécialistes et de personnes, une feuille de route et un plan d’action pour la promotion et le développement du tissu historique de la ville de Fès.
La bienveillance royale envers la capitale académique et spirituelle du Maroc et son patrimoine s’est illustrée à travers le programme de restauration et de réhabilitation de 27 monuments historiques, dont cinq Medersas de grande facture, a-t-il poursuivi.
Les travaux de rénovation de ces monuments ont été réalisés par des maâlmine (maitres artisans) qui ont su les restaurer à l’identique, faisant appel à leur dextérité, leur ingéniosité, et leur savoir-faire ancestral. La restauration de ces différents monuments devra contribuer au renforcement des circuits touristiques au niveau de l'ancienne médina de Fès, à l'embellissement du cadre bâti, au développement socio-économique de cette Cité-Musée et la préservation de son patrimoine matériel qui reflète la grandeur d'un passé architectural glorieux et l'authenticité d'un savoir-faire inégalé dans les domaines culturel, urbanistique et social.
Par la suite, le roi Mohammed VI a décoré plusieurs personnalités ayant participé à la réalisation du programme de réhabilitation des monuments de l'ancienne médina de Fès, lancé par le souverain le 4 mars 2013. Le souverain a ainsi décoré du wissam Al Moukafaa Al Wathania de deuxième classe (Commandeur), Moha Ouaman, secrétaire général du ministère des Habous et des Affaires islamiques, et du wissam Al Moukafaa Al Wathania de troisième classe (officier), Mohamed El Gourari, ancien directeur des Waqfs au ministère des Habous et des Affaires islamiques, Abdelhadi Rziki, chef de la division des constructions et des investissements au ministère des Habous et des Affaires islamiques, Mohamed Khamlichi, chef de la division des affaires internes à la Wilaya de la région de Fès Meknès, Houcine Lotfi, chef du district urbain Fès-Medina, Fouad Serrhini, directeur général de l'Agence pour le Développement et la Réhabilitation de la médina de Fès.
Mohammed VI a également décoré du Wissam Al Moukafaa Al Wathania de quatrième classe (chevalier), les architectes Mohamed Amziane, Mohamed Amrani Abou Rouh et abdelfattah Lazrek. Ont aussi été décorés du même wissam, Khalid Karim Bennani, directeur d’un bureau d’étude, Moulay Ismail El Alaoui, directeur des Travaux à l'ADER, Said Abou Yaâcoub, chargé de l’action sociale à l’ADER, Mohamed Idrissi, directeur général de l’entreprise marocaine de consultation et de construction, Kamal Zouhir, directeur général de l’entreprise «Patrimoine-Architecture), Mohamed Bouazzaoui, directeur général de l’entreprise «Andalous design», Mohamed Figuigui, Maalem (construction artisanale), Nabil El khalfi, Maâlem (Zellig), Mohamed Alami Hosni, Maâlem (menuiserie), Abderrahman Lakhlifi, Mâalem (plâtre)
A cette occasion, le roi Mohammed VI a visité la Medersa Mohammadia, édifiée par feu Mohammed V, les Medersas construites à l'époque des mérinides, à savoir Seffarine (dédiée à l'enseignement des sciences sociales et humaines) et Mesbahiya, ainsi que la Medersa de Sahrij qui abrite le cycle de formation en calligraphie.
Le souverain a également visité Dar Al Mouaqqit, qui sert à la fois d’observatoire pour un savant astronome chargé de l’observation du croissant lunaire et de l’établissement du calendrier des horaires de prière, et de musée où sont exposés d'anciens instruments astronomiques marocains et arabes traduisant l'intérêt que l'on portait à la notion de l'espace-temps dans la culture islamique. Ces édifices qui ont été réouverts après leur restauration, viennent conforter le statut religieux dont jouit la Cité de Fès en tant que capitale académique et spirituelle du Maroc et enrichir le patrimoine matériel et immatériel du Royaume.
Cette cérémonie s’est déroulée en présence de la directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Mme Irina Bokova, du Directeur général de l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO), Abdulaziz Othman Altwaijri, de Conseillers du roi, de membres du gouvernement, et de plusieurs hautes personnalités.