Le suicide des enfants reste, au Maroc, un sujet tabou. Et, si l’Organisation Mondiale de la Santé indique que le suicide constitue, avant l’accident de la route, la premièrecause de mortalité chez les jeunes, ce tabou prive le Maroc de chiffres concernant ce phénomène. On note pourtant une augmentation de ces actes de désespoir, relayés par les médias qui se font le baromètre, par le rapport de ces tragiques faits-divers concernant des jeunes qui en arrivent à se donner la mort, de l’ampleur que prend ce problème que psychiatres, psychologues et associations pour l’enfance n’hésitent plus à qualifier de problème de santé publique.
L’association Sourire de Reda, qui lutte depuis cinq ans pour sensibiliser à la souffrance des jeunes et reconnaître les signes de désarroi qui peuvent les mener à commettre l’irréparable, avait ainsi lancé le débat en organisant, le 13 février dernier, une table ronde autour du thème "Prévention du suicide des jeunes: Ce qu’il faut savoir pour agir". Une initiative à poursuivre au vu de la tendance que prend la mort à s’immiscer dans l’esprit de nos jeunes.
Car des jeunes Reda (Reda est un jeune garçon qui s’était donné la mort à l’âge de 13 ans et demi et qui était réputé pour toujours avoir le sourire, d’où le nom, en son hommage, de l’association précitée), il y en a bien plus qu’on ne le pense. Hormis les tragiques cas portés à la connaissance du public, nombre de suicides de jeunes restent tus à la demande des familles. Tabou culturel. Tabou religieux. Par-delà la souffrance de perdre son enfant, il y a encore la honte, irrépressible, de n’avoir pu protéger son enfant et anticiper le drame. Et il y a, de plus, la honte du péché, du haram.
Un nouveau cas de suicide concerne un tout jeune enfant de douze ans retrouvé pendu à un arbre par son grand-père, dans la région de Marrakech, à Sidi Ghayat. L’enfant était sorti en prétendant vouloir faire une course chez l’épicier du coin. Ne le voyant pas revenir, son grand-père est allé à sa rencontre pour finalement le retrouver sans vie, pendu à cet arbre où il avait, grâce à une bonbonne de gaz dont il s’était servi pour atteindre une haute branche, enroulé une corde avant d’y glisser sa tête. Les gendarmes n’ont pu que constater la tragédie.