Fustigé de partout, et non sans raison, pour avoir demandé, dès le début, à bénéficier du soutien du Fonds spécial Covid-19 en tant que secteur sinistré, l’enseignement privé a finalement pu bénéficier «indûment» des aides accordées par le Fonds spécial de gestion de la pandémie Covid-19. Comment? C’est le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle qui l’explique. En fait, les écoles privées ont déclaré pas moins de 48.000 salariés en arrêt de travail temporaire à la CNSS pour le mois de mars, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du jeudi 16 avril.
Les salariés ainsi déclarés ont pu empocher leur indemnité de 1.000 dirhams décidée par le Comité de suivi économique et puisée dans la cagnotte du Fonds spécial. Or, s’indigne le ministre cité par le quotidien, les établissements d’enseignement privé ont déjà empoché les frais de scolarité, versés par les parents d'élèves pour le mois de mars. Ces écoles ont d’ailleurs harcelé les parents pour encaisser les frais du mois, voire du trimestre suivant. Logiquement, elles avaient donc déjà de quoi payer leurs salariés et n’étaient pas en situation de difficulté.
Pourtant, elles sont quand même parvenues à grever le Fonds d’un montant de 48 millions de dirhams. Ce qui a poussé le ministre, hors de lui, à déclarer devant la commission des affaires sociales à la première Chambre: «Ce genre de comportement est inadmissible. Les choses ne vont pas continuer comme ça. Nous allons mettre en place des critères encore plus stricts pour les aides versées par le Fonds spécial».
L'école privée est d’ailleurs le seul exemple, sans doute parce que le plus flagrant, que le ministre a cité pour dénoncer la cupidité de certaines entreprises qui n’ont pas hésité à profiter indûment de ce filet social mis en place pour préserver le tissu économique et permettre aux ménages de disposer des ressources minimales pour faire face à cette crise. D’après le ministre, la CNSS a d’ailleurs rencontré d’énormes difficultés au moment de traiter le cas des établissements de l’enseignement privé. En l’absence de dispositions plus strictes, l’organisme public chargé de gérer la distribution des aides versées par le Fonds spécial aux salariés temporairement sans emploi, ne pouvait que donner suite aux demandes déposées par les écoles privées.