Des affrontements ont opposé, mardi, des habitants des Carrières centrales aux forces de l'ordre, intervenant dans le cadre d'une opération de démolition des dernières baraques (40) du plus vieux bidonville de Casablanca, rapporte la presse de ce mercredi 4 juin. Assabah relève que quatre éléments des forces de l'ordre ont été blessés, dont un à l'oeil, et transportés à l'hôpital pour recevoir les premiers soins. Les blessés parmi les habitants du bidonville ont pris la poudre d'escampette de peur d'être arrêtés. Le journal affirme que des marches menées par des femmes et des jeunes ont également été organisées dans une tentative d'empêcher la démolition de leurs logis avant que les manifestants ne soient dispersés par les éléments d'une brigade d'intervention mobile. L'Economiste souligne que "cette opération de recasement a frôlé l'émeute". Et d'expliquer que "des ménages revendiquent l'extension des critères d'attribution à des catégories non éligibles notamment les veufs et les divorcés, après la date de validation de recensement". Selon le quotidien, "ces récalcitrants finissent par retarder les opérations de recasement".
Al Ahdath Al Maghribiya fait savoir que l'opération de démolition a commencé dans une ambiance électrifiée. Les autorités locales ont mobilisé plusieurs camions et bulldozers, ainsi que des dizaines d'éléments des forces de l'ordre pour exécuter les décisions de justice contre les baraques, dont les propriétaires ont bénéficié des programmes de relogement à Lahraouyyine et qui avaient reçu des notifications depuis la mi-mai. Des jets de pierres ont visé les forces de l'ordre pour entraver leur intervention. L'opération a débouché sur l'arrestation de plusieurs manifestants. Al Ittihad Al Ichtiraki qualifie cette intervention de la plus grande opération de démolition jamais menée aux Carrières centrales. Les familles composées de deux à quatre ménages, écrit le quotidien, ont demandé une approche globale du problème avant de se décider à exécuter, par la force, les décisions de la justice.
Il était une fois les Carrières centrales
L'histoire des Carrières centrales remonte à 1912, soit la même année où a commencé le Protectorat français. En tout, cela fait plus d'un siècle où les problèmes se sont tellement accumulés pour devenir difficilement solvables. Les gouvernements successifs ont été incapables d'affronter la problèmatique posée par ce bidonville, ou alors ont fermé les yeux sur les mille et une irrégularités qui s'y déroulaient. Aujourd'hui, en décidant de reloger près de 6.000 familles, réduisant de moitié le nombre des bidonvillois, demeure le problème du quartier Lahraouyyine, et ce malgré l'octroi aux familles de lots d'une superficie allant de 70 à 94 m2 pour des montants symboliques ne dépassant pas les 40.000 DH.