Bienvenue au siège du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ)! Une nouvelle structure placée sous l’aile de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), une incarnation du renforcement de la gouvernance sécuritaire du royaume et de la lutte contre le terrorisme. Pour accéder au bâtiment de ce que les médias qualifient déjà de FBI marocain, il faut montrer patte blanche. A l’extérieur, un barrage filtre sévèrement l'accès à la rue. A l’accueil, ce sont des éléments des forces spéciales qui assurent la garde. Vêtus d’uniformes de combat, le visage cagoulé et arme d’assaut à la main, ils sont partout: perchés sur les toits, dans les grandes cours, dans les couloirs à l’entrée des services… Le ton est donné: on ne badine pas avec le terrorisme.
Près de 150 journalistes sont venus couvrir cette première conférence de presse du BCIJ, tenue en fin d’après-midi de ce lundi 23 mars. La veille, le démantèlement d’une cellule terroriste a été annoncée par ce nouveau bureau mis en place officiellement vendredi 20 mars en présence de hauts responsables sécuritaires. Mais les membres composant le BCIJ sont des hommes aguerris aux opérations anti-terroristes. Abdelhak Khiame, le patron de cette nouvelle structure, a passé de longues années à la tête de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Ca sera d’ailleurs lui qui présentera devant les médias les détails de ce coup de filet.
Les révélations faites par Abdelhak Khayam donnent froid au dos. La cellule dormante démantelée est sans doute la plus dangereuse de ces dernières années. Ses projets terroristes étaient des plus démoniaques et ses membres étaient déjà équipés pour passer à l’acte. Pas moins de six pistolets de diverses marques, dont des Beretta, ont été saisis avec quelque 400 cartouches. Un arsenal qui avait été introduit depuis le Préside occupé de Melilla, comme l’avait annoncé auparavant Le360. A cela s’ajoute 22 autres pièces à conviction: des paires de menottes, des produits liquides suspects contenant du poison, des jumelles, des ordinateurs, des clés USB ainsi que 18 téléphones portables dotés de diverses puces…
"Cette cellule de 13 personnes agissait sous les ordres directs des dirigeants de Daech. Elle voulait instaurer une ‘wilaya de l'Etat islamique fi bilad Al Maghrib Al Aqsa, Ahfad Ibn Tachfine" (L'Etat islamique au Maroc, les petits-fils de Youssef ben Tachfine), a affirmé le patron du BCIJ. Le réseau prévoyait également des attentats contre des personnalités politiques parmi lesquelles Ahmed Assid, l'activiste Amazigh. Elle comptait détruire "à l'explosif" les sept marabouts de Boujaad issus des chorfas Cherkaoui. Agés de 19 à 37 ans, les 13 djihadistes présumés avaient déjà mené des opérations de recrutement et d'envoi en Syrie et en Irak de 108 volontaires djhadistes marocains, selon Abdelhak Khiame. Et d’ajouter: "Les prévenus avaient des connections avec l'étranger pour financer notamment leurs opérations. Ils projetaient des enlèvements, des égorgements, des décapitations. Pour moi, ce sont des professionnels du crime ".
Le patron de la BCIJ, qui a révélé que cette cellule était sous étroite surveillance depuis 5 mois, n'a pas non plus omis le volet des droits des prévenus. "Avant d'être placés en garde à vue, un médecin agréé les a consultés et a fourni une attestation médicale pour chaque personne. Les familles ont été informées de leur arrestation en leur temps", a tenu à préciser Abdelhak Khiame.