Le comité des chrétiens marocains a adressé une lettre au pape François, quelques jours avant sa visite prévue pour les 30 et 31 mars courant. Cette association non reconnue veut faire part au souverain pontife de «certaines de ses préoccupations relatives aux droits de la minorité chrétienne au Maroc». Le coordinateur de ce comité a demandé au pape d’user de ses bons offices pour évoquer certaines violations de la liberté religieuse des chrétiens avec les responsables marocains. Une situation qui a été signalée dans un rapport de l'Association marocaine des droits et libertés religieuses publié en 2018. Ladite lettre précise que cette association est la seule organisation au Maroc qui défend la liberté religieuse, enregistre les violations et accueille les Ahmadis, les chiites, les chrétiens et les Ibadis. Le même interlocuteur affirme que «le comité des chrétiens marocain» n’est pas reconnu par le ministère de l’Intérieur marocain qui accuse ce comité, dans un document juridique, de «cibler la religion musulmane».
Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du lundi 11 mars, que ledit comité accuse les services de sécurité marocains de «jouer un rôle important dans la persécution des chrétiens en procédant à des arrestations abusives». La lettre adressée au Pape pointe du doigt les autorités marocaines qui ont «arrêté et maltraité des personnes pour avoir proclamé leur religion ou avoir adhéré à des prières dans des églises secrètes. Les autorités les ont torturées, injuriées et les ont privées de leurs documents d’identité». Le comité des Marocains chrétiens ajoute dans sa lettre que les autorités ont expulsé des centaines d’étrangers après avoir accusé certains d’entre eux de «prosélytisme». Ledit comité poursuit en affirmant que «l'Association marocaine des droits et libertés religieuses, l’Association marocaine des droits de l’homme et d’autres instances internationales, notamment celles concernées par la discrimination raciale, ont enregistré ces pratiques déplorables entre 2017 et 2018».
Le coordinateur dudit comité a enchainé en affirmant que «le roi Mohammed VI mène d’importantes initiatives pour faire du Maroc un pays de tolérance notamment en organisant la conférence des droits des minorités religieuses dans les pays islamiques en 2016». Le même interlocuteur accuse les responsables marocains de qualifier les chrétiens de «virus» et de «partisans de la ségrégation». Le coordinateur leur reproche, en outre, d’avoir interdit, en 2017, aux Bahaïs de commémorer l’anniversaire de leur prophète à Meknès et à Tanger.
A rappeler que le pape effectuera une visite officielle au Maroc à la fin de ce mois. Il aura un programme très chargé à Rabat où il célébrera une messe, effectuera une visite à l’institut Mohammed VI pour la formation des imams et rencontrera les migrants ainsi que les représentants des trois religions monothéistes.