Comme chaque année et au début de l’été, la question des visas revient aux devants de l’actualité. Cette année, elle revient avec plus d’acuité en raison d’une politique de restriction de visas menée particulièrement par la France. Le quotidien Assabah qui aborde ce sujet dans son édition du lundi 15 août, résume la situation en ce qui suit: la plupart des demandes sont refusées, les passeports mis sous séquestre pendant longtemps, anarchie, humiliation et d’énormes gains d’argent.
D’après le quotidien, le ministre des affaires étrangères Nasser Bourita n’a pas pu changer le comportement des services consulaires et diplomatiques des pays européens en termes de visas. Il n’a pas pu, non plus, tenir des réunions avec ses homologues européens afin de faire pression sur eux dans le sens de revoir leur politique de visas. C’est que, explique le quotidien, le ministre est pris par des dossiers bien plus importants, notamment la question de l’intégrité territoriale. Ce qui, d’après le quotidien, appelle à la nomination d’un secrétaire d’État qui se chargera de ce genre d’affaires.
Pour revenir à l’affaire des visas, Assabah note qu’il ne s’agit pas d’un pays en particulier. Tous les pays de l’Union européenne sont concernés, même l’Angleterre qui ne fait plus partie de cet espace régional est également dans cette situation. Dans les faits, d’après Assabah, les consulats et les ambassades de ces pays exigent d’abord des frais qui sont non remboursables en cas de refus. Cela va de 1.000 à 2.000 dirhams selon les pays et la nature et la durée du visa demandé. Du vol, tranche le quotidien.
Ensuite, il y a tout un marché noir qui s’est créé autour de la procédure de demande de visa. Des intermédiaires qui squattent dans les environs des consulats et proposent tout genre de service, des sociétés d’intermédiations chargées de réceptionner et traiter en premier les dossiers et qui exigent souvent des frais supplémentaires, des dessous de table donc, pour accélérer les rendez-vous, et tout une activité souterraine de vente de rendez-vous contre des sommes pouvant aller jusqu’à 500 dirhams. Là précisément, c’est un grand problème à prendre en considération alors que nous nous apprêtons à entrer de plain-pied dans le tout numérique.
Bref, tout cet argent que le demandeur de visa doit dépenser ne lui garantit pas de l’obtenir et, le comble, n’est pas remboursable en cas de rejet de sa demande. Le pire c’est ce sentiment d’humiliation qu’éprouvent les demandeurs en voyant leur passeport «mis sous séquestre» pendant un à deux mois pour au final se voir rejeter leur demande. Pendant ce temps, le citoyen demandeur de visa est contraint à rester chez lui. Une sorte d’assignation à domicile déguisée. On peut, en effet, l’appeler à tout moment pour l’inviter à aller récupérer son passeport. Des moments difficiles et stressants à passer dans l’attente et l’expectative.
Le pire dans tout cela, c’est que le refus de visa n’est pas forcément motivé. Dans bien des cas, les dossiers sont complets et pourtant le document est refusé. Cela arrive le plus souvent même pour les personnes ayant déjà pu obtenir leur visa dans le passé à plusieurs reprises sans aucune difficulté. Il va sans dire, comme l’ont d’ailleurs confié plusieurs personnes au journal, que bien de demandeurs ont raté des rendez-vous d’affaires, ou d’hospitalisation. Certains parmi eux ont certes obtenu leur visa, mais hors délai.