Le verdict du Conseil supérieur de la magistrature est tombé comme un couperet. Si la publication des noms des juges incriminés par le ministère de la Justice est jugée comme un premier pas vers la réforme, le chantier ne fait manifestement que commencer. Le dernier rapport du Conseil supérieur de la magistrature continue de faire la Une de la presse nationale. Le premier à soulever la question est Akhbar Al Yaoum qui révèle, dans son édition de jeudi 5 septembre, "la liste des "délits" pour lesquels des magistrats ont été renvoyés". "Une juge a reçu un pot-de-vin d’un million de DH moyennant un jugement qu’elle aurait rendu en faveur d’un entrepreneur qui risquait de perdre 30 millions de DH", rapporte le journal. Autre cas qui fait la Une du quotidien, celui d'un juge qui a dû "quitter son poste en 2010 à cause de son implication dans une affaire d’arnaque à l’encontre d’une coopérative urbaine à Casablanca". Le quotidien enchaîne sur un troisième cas, et non des moindres, celui d’un autre magistrat accusé d’abus de pouvoir par le Conseil de la magistrature pour avoir fait intervenir un autre juge dans un dossier juridique. Al Ahdath Al Maghribiya rappelle que "la liste des neuf magistrats appelés à comparaître devant le conseil de discipline compte des juges accusés d’avoir commis des actes portant gravement atteinte à la réputation de la magistrature et à son honneur". Selon le quotidien, ces hommes de loi sont également soupçonnés de "non-respect de la déontologie, de corruption et de fraude". Le journal souligne également que, lors de leur mise en examen, "certains magistrats ont été incapables de justifier l’origine de leurs capitaux, sans parler des biens immobiliers dont ils disposaient, ainsi que des versements suspects affichés sur leurs comptes bancaires". Plus loin, Al Ahdath Al Maghribiya s’interroge sur les mesures que le ministre de la Justice et, en l’occurrence, président du ministère public, Mustapha Ramid, compte prendre dans le cadre de ces dossiers. Du pain sur la planche De son côté, l’éditorialiste de Bayane Al Yaoum met en avant "la transparence" dont a fait preuve le département de Ramid en rendant cette liste publique. Pour le quotidien, "il s’agit là d’une première qui mérite d’être soulignée", puisqu’elle permet aux citoyens d'être informés de ce qui se passe dans les coulisses de la justice marocaine. La publication de cette fameuse liste des juges incriminés est jugée comme un point positif en matière de gouvernance d’un secteur qui attend sa réforme. Néanmoins, les prochaines étapes seront les plus cruciales. En effet, il ne suffit pas de publier des noms pour assurer la transparence. La bonne gouvernance doit s’appliquer à l’ensemble de la chaîne, notamment en ce qui concerne les mesures qui seront prises à l’encontre de ces magistrats. Autant dire que Ramid a encore beaucoup de pain sur la planche.
Par Sophia Akhmisse
Le 04/09/2013 à 22h46