"Pour la condamnation des appels au crime contre les juifs au Maroc". Tel est l’intitulé de la pétition qui vient d’être mise en ligne, suite à la manifestation organisée le dimanche 25 octobre et qui a rassemblé quelque milliers de personnes, place Al Amal et boulevard El Fida à Casablanca. La pétition qui s’adresse aux ministres de la Justice et des Libertés et à son collègue de l'Intérieur, a pour objectif d’"interpeller sur les dérapages très inquiétants qui ont émaillé la manifestation de soutien à la Palestine", notamment "des mises en scènes appelant explicitement au meurtre des juifs".
En effet, sur quelques photos et vidéos circulant sur les réseaux, on peut voir des manifestants déguisés en juifs religieux, à genoux. Derrière eux, des hommes portant des keffiehs pointent des fusils sur leur tête. "Ces dérives déplorables sont également contraires aux directives royales appelant à œuvrer pour la préservation de la coexistence judéo-musulmane au Maroc, modèle unique en son genre dans le monde musulman", peut-on lire dans la lettre accompagnant la pétition qui a récolté plus de 2.500 signatures en quelques heures.
Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les internautes qui ont été choqués par ces images. A l'instar du réalisateur franco-marocain Kamal Hachkar, qui qualifie le rassemblement de "manifestation de la honte". Selon l'auteur du film "Tinghir-Jérusalem: les échos du Mellah", ces "appels au meurtre doivent être punis par la loi". Même remarque chez les initiateurs de la pétition qui appellent les responsables politiques "à prendre les mesures nécessaires afin d'identifier les auteurs et les acteurs de ces dérapages et de les traduire en justice."
L'événement n'a pas échappé à la presse israélienne. Dans “The Times Of Israel”, un article paru le 26 octobre relate les différentes mises en scène orchestrées lors du rassemblement de Casablanca, tout en rappelant que "les expressions d'antisémitisme" sont "relativement rares au Maroc". L'auteur de l'article poursuit : "Ces dernières années, le roi Mohammed VI et le gouvernement ont investi des millions de dollars dans la restauration des sites du patrimoine juif.".
Pour sa part, le Centre juif américain "Simon-Wiesenthal Center" se dit "préoccupé par ce qu'il décrit comme une "prolifération des expressions d'antisémitisme au Maroc". Sur un article paru sur un média israélien, le directeur du CSW Shimon Samuels, dénonce ces mises en scène "inquiétantes" qui "peuvent avoir un effet déstabilisateur non seulement en Afrique du Nord, mais parmi les communautés musulmanes en Europe, où les Marocains représentent une part importante de la population".
