La lutte contre le phénomène du mariage des mineures nécessite un cadre réglementaire et des textes plus dissuasifs à l'encontre de toutes les parties qui contribuent à sa prévalence. C’est l’une des conclusions majeures d’une nouvelle étude menée par la Fondation Ytto pour l’hébergement et la réhabilitation des femmes victimes de violence et dont les résultats ont été présentés, en fin de semaine, lors d’une conférence de presse organisée à Casablanca.
Dans son édition du lundi 27 décembre, Al Ahdath Al Maghribia fait un résumé des principaux enseignements de cette étude et qui ont été présentés par la présidente de la Fondation, Najat Ikhich. Ce travail a été mené en marge d’une caravane sociale organisée par l’institution dans la région de Guelmim-Oued Noun et s’est intéressé à certaines problématiques qui touchent la femme.
L’étude a ainsi permis de relever que 86% des femmes n’ont qu’une connaissance vague des différentes dispositions du Code de la famille. La raison est que les médias audiovisuels classiques, utilisés pour la sensibilisation de ces femmes, n’ont qu’un impact limité dans la diffusion de l’information. Ce qui a pour conséquence une ignorance parfois totale des droits que leur assure le Code de la famille. Il y aurait même, selon la même source, 14% de femmes parmi celles questionnées qui ne connaissent même pas l’existence d’un Code de la famille.
Mais, comme le rapporte Al Ahdath Al Maghribia, même sans être forcément au fait des dispositions réglementaires, les femmes sont quasiment toutes catégoriques sur la question du mariage des mineures. En effet, 97% des femmes touchées par l’étude de la Fondation Ytto se disent complètement contre le mariage des filles avant l’atteinte d’un âge d’au moins 18 ans. Pour elles, ces filles doivent se concentrer sur leurs études et leurs formations afin de prétendre à une indépendance matérielle à même de leur assurer un meilleur avenir.
Les 3% qui se sont montrées ouvertes au mariage en dessous de cet âge justifient leur position par une insuffisance au niveau des infrastructures où les jeunes filles peuvent justement accéder de plein droit à des études et des formations de qualité.
Au-delà de ce que pensent les femmes du mariage des mineures, l’étude de la Fondation Ytto a surtout eu le mérite de rappeler que la lutte contre ce phénomène passe inéluctablement par la mise en place d’un cadre réglementaire et des textes suffisamment «forts» pour être dissuasifs.
Il ne faudrait pas, selon la même source, hésiter à classer le mariage des mineures parmi les violences physiques, sexuelles et mentales dont sont victimes les femmes. En parallèle, il faut veiller à mettre en place les conditions nécessaires pour que les filles victimes de ces mariages puissent accéder à un enseignement digne dans des infrastructures adaptées. A ce niveau, un accent particulier est mis sur les internats dédiés aux filles qui doivent disposer de suffisamment de moyens pour assurer leur gestion et leur permettre d’être des installations qui contribuent à leur épanouissement scolaire. Cela contribuerait à mettre fin à certaines excuses présentées parfois pour justifier l’abandon scolaire de ces mineures et leur mariage précoce.