"A ce stade de l'enquête, il a pu être tracé 75 millions d'euros entre août 2015 et novembre 2016", qui ont transité en France par ce réseau, a expliqué le procureur de Marseille Xavier Tarabeux, au cours d'une conférence de presse.
"A l'échelle internationale, les estimations que nous pouvons faire (...) portent ces opérations de blanchiment à près de 400 millions d'euros sur les quatre dernières années", a-t-il ajouté, en évoquant une affaire "hors norme".
Lundi 23 novembre, une cinquantaine de personnes, en majorité des Français, avaient été arrêtées en France, Belgique et aux Pays-Bas dans le cadre du démantèlement d'un réseau de blanchiment d'argent issu surtout du trafic de drogue.
Plus de 5 millions d'euros, 7 kilos d'or, 10 kilos de cocaïne et 785 kilos de cannabis avaient été saisis lors de l'opération.
"Je travaille depuis seize ans à Europol et je n'ai jamais vu quelque chose comme ça", a commenté mardi Pedro Felicio, spécialiste portugais de la délinquance financière pour cette organisation européenne de coordination policière.
Le système qui a été mis au jour, constitue, d'après les enquêteurs, un véritable réseau bancaire parallèle, un "Hawala" (système traditionnel de paiement informel), dont la tête était au Maroc.
L'enquête a nécessité la coopération des services d'enquête européens, réunis au sein d'une "équipe commune d'enquête" mise sur pied à cette occasion.
Tout est parti de l'interception fortuite, par des douaniers français, le 10 juin 2015 à Mornas (sud-est de la France) d'un véhicule à bord duquel ont été retrouvés 298.000 euros en petite coupure, l'un des multiples transports de fonds du réseau.
En France, l'affaire a donné lieu à 20 inculpations, ainsi que 3 mandats d'arrêts: un au Pays-Bas et deux au Maroc dont la tête présumé du réseau.