Malgré un retour proche de la normale avec l’ouverture des frontières et la relance du secteur touristique, les professionnels du transport maintiennent leur grève pour la sixième semaine consécutive. Etrange paradoxe. D’un côté, la relance est bien là avec, par exemple, l’arrivée attendue pour cette semaine, à l’aéroport, de plus de 45.000 touristes étrangers. D’un autre côté, les professionnels du secteur du transport touristique, un maillon important de la chaîne, multiplient les actes de contestation.
D’après le quotidien Al Akhbar qui rapporte l’information dans son édition du jeudi 10 mars, en plus d’une grève ouverte qui dure maintenant depuis presque six semaines, les transporteurs touristiques ont organisé, depuis le début de la semaine, plusieurs sit-in de protestation. Pour expliquer le maintien de cet appel d’ordre malgré le début de la relance du secteur, les professionnels pointent du doigt le gouvernement qui «ne fait pas assez preuve de sérieux» à leur goût. Il n’est pas le seul, les professionnels du transport touristique rejetant également la responsabilité de leur acte sur les autres partenaires institutionnels et privés comme les banques qui, selon eux, tardent à mettre en œuvre les termes de l’entente conclue avec le gouvernement.
Dans un communiqué repris par le quotidien, les transporteurs affiliés à la Fédération nationale du transport touristique reprochent au gouvernement d’avoir annoncé la mise au point d'un plan d’urgence pour la relance du secteur touristique sans que cette annonce ait été accompagnée de la mise en place d’un cadre juridique et organisationnel dédié. Les transporteurs attendent ainsi du gouvernement de faire adopter des lois, de publier des décrets et de mettre en place un cadre formel pour servir de référence lors de la mise en œuvre de ce plan. Cela n’a pas été fait. Ce qui fait douter les transporteurs de la bonne foi du gouvernement.
Ce plan de sauvetage n’a pas non plus pris en compte, se plaignent-ils, les particularités du transport touristique et, surtout, n’a pas réglé la crise entre les opérateurs et les institutions bancaires. Ce qui justifie d’ailleurs leur mécontentement contre les banques et les autres établissements de financement. Ils accusent même ces derniers de tenter d’isoler les opérateurs, les recevant un par un, pour «leur imposer leur dictat». Ces conditions imposées par les banques aux opérateurs pour pouvoir bénéficier d’un rééchelonnement de leur dette ne sont pas, prétendent-ils, conformes à la loi.
Bref, les transporteurs exigent une réunion pour signer un accord, de manière collective, entre les banques et leur Fédération. Ils exigent de même, entre autres, une exonération au titre de deux dernières années et de l’année en cours, ainsi que de la taxe à l’essieu pour tous les véhicules touristiques. En conséquence, laissent-ils entendre, à moins que le gouvernement ne réponde favorablement à leurs revendications, le secteur touristique dans sa globalité restera moins compétitif et les touristes opteront certainement pour d’autres destinations.