Le centre Malaika (les Anges) pour les enfants trisomiques à Marrakech vit des heures pénibles. Le directeur de l'école Sidi Belabès, au sein de laquelle se trouve ce centre, vient d'installer une "barrière", privant ces enfants à besoins spécifiques d'un important espace faisant partie et indispensable à leur prise en charge.
Créé en 2010, le centre, le premier du genre dans la ville ocre, offre gracieusement ses services aux enfants trisomiques. Ils sont aujourd'hui près de 130 à bénéficier d'une prise en charge pointue, avec un effort de soutien thérapeutique incluant les arts et le jardinage.
Mais ces deux importantes activités ne semblent pas du goût du directeur de l'école où est intégré le centre, selon sa présidente, Darya Mazdaoui. "Le directeur de l'école, qui a pris ses fonctions il y a à peu près six mois et qui y occupe un logement de fonction, a exigé un changement des horaires des cours de musique, arguant que cela le dérange. Nous avons accepté et avons réaménagé les horaires", souligne-t-elle dans une déclaration à le360.
Elle affirme également que ledit directeur n'en est pas à sa première "provocation". "Il n'arrêtait pas de se plaindre et d'évoquer de faux problèmes. Quand on sait à quel point les enfants trisomiques s'adonnent à des activités manuelles sans faire de tapage, l'on comprend aisément que ce Monsieur est dans le tort. Pis encore, il est allé jusqu'à vouloir interdire aux enfants la pratique du jardinage. Or, celle-ci fait partie intégrante de leur prise en charge", regrette-t-elle.
Amertume et incompréhension
Samedi 10 novembre, le responsable en question est allé plus loin dans ses "provocations". En effet, il a installé une barrière en zinc (voir photo), privant ainsi les enfants du centre Malaika d'un espace vital qui leur servait d'apprentissage du jardinage.
"Nous n'avons pas compris cette démache inopportune et hasardeuse, d'autant plus que nous n'avons pas été mis au courant. Nous avons été pris au dépourvu", s'indigne Darya Mazdaoui. Son amertume est d'autant plus grande que c'est l'association qu'elle dirige qui avait aménagé cet espace vert, et ce, grâce au concours de mécènes et d'ONG.
Quant aux démarches qu'elle compte entreprendre, elle affirme qu'elle saisira le département de tutelle (le ministère de l'Education nationale), ajoutant: "nous ne sommes pas dans une logique de guerre. Nous sommes à l'écoute de toute proposition venant de la personne concernée. Car tout ce que nous voulons, c'est que nos petits anges souffrant de trisomie continuent de bénéficier de la prise en charge du centre".
Joint, ce dimanche 11 novembre, par le360, le directeur de l'école Sidi Belabès, Abdelaziz El Fassi, s'est refusé de commenter cette "affaire". Il s'est tout simplement contenté de nous déclarer, tout sourire: "J'ai mes propres arguments". Lesquels? Il s'est refusé de nous les communiquer. Quels que soient les arguments du "directeur", il est difficile de ne pas réprouver son attitude, d'autant que la privation d'enfants trisomiques d'un cadre aussi important pour évoluer ne prête pas du tout à sourire.