Chahida Al Khawaja, journaliste, a fait, à Marrakech, une terrible et insoutenable découverte : celle d’un vieux couple dont l’homme, âgé de 92 ans, est aveugle, incapable désormais de se tenir debout et obligé d’utiliser des couches et dont la femme, âgée de 80 ans, est sourde et seule à s’occuper de lui, malgré sa propre fatigue. Car Mi Fatouma et Ba Mahjoub n’ont personne et sont livrés à eux-mêmes.
Des conditions de vie atrocesEn apprenant les conditions dans lesquelles vit ce vieux couple, une habitante de Marrakech s’est rendue sur les lieux avant d’alerter les réseaux sociaux et de lancer un appel à solidarité : « cet adorable couple vit dans un trou d’1m50 sur 1m50. L’odeur, dès l’entrée, est nauséabonde. Il n’y a pas de toilettes. Les ordures sont partout, mêles à des ustensiles sales et à des vêtements en vrac. Le comble : les odeurs du mouton que leur a offert une orpheline pour l’Aïd et qui est resté suspendu là. L’homme est trop maigre, sale mais, malgré son âge et ses conditions de vie, a toute sa tête. Sa femme arbore un sourire pas possible et nous accueille avec une gentillesse extraordinaire », déclare ainsi Leila Medari, Dr en physique, qui a créé un réseau de solidarité pour Mi Fatouma et Ba Mahjoub sur Facebook. https://www.facebook.com/groups/596746797054676
La maison de retraite ? Non, car on y sépare les couplesLorsqu’il a été posé à Ba Mahjoub la question de savoir si lui et sa femme accepteraient d’aller vivre dans une maison de retraite, l’émouvant vieil homme a répondu : "Si c'est avec Mahjouba, oui. Qu'on s'occupe de nous sans nous séparer ». Or, au Maroc, les hommes et les femmes vivent dans des pavillons séparés et le couple refuse cette idée. Un couple qui « moisit dans le noir, sans fenêtre, sans soleil, sans eau, sans rien… », ajoute notre témoin qui a lancé sur Facebook un appel à solidarité qui a été partagé par nombre de personnes sur les réseaux sociaux.
Appel à solidaritéLes besoins les plus urgents ont ainsi été communiqués sur la toile par les personnes qui ont rendu visite au couple qui aurait besoin, rapidement, de draps, couvertures, d’un nettoyage du misérable local dans lequel il vit, d’une réparation de la toiture de cet abri de fortune, de couches, de vêtements, de nourriture, de soins apportés par des personnes qui se rendraient régulièrement chez eux. En attendant et en espérant mieux.