Les premiers feux se sont déclarés mercredi 13 juillet 2022 dans la région de Ksar El Kébir, près de Larache. Le lendemain, c’est la forêt Bab Azhar dans la commune de Smià qui a pris feu. Nous sommes au petit matin du jeudi, à Tahla dans la province de Taza. A ce moment-là, nul ne se doutait que d’autres foyers d’incendie allaient naître quelques heures plus tard dans toute la région du nord du Maroc.
1.600 hectares ravagés, 1.500 familles évacuéesLes annonces et autres alertes se sont enchaînées tout au long de la journée. Selon un premier bilan, et d’après nos calculs, les incendies ont concerné les régions de Ouezzane, Tétouan, Taza et Larache. Le total des hectares ravagés par les feux est de l’ordre de 1.600. C’est à Larache et à Taza que l’on compte le plus de dégâts avec, respectivement, 900 et 400 hectares détruits. Ceci, contre 210 pour Ouezzane et 90 pour la région de Tétouan.
En tout, à peu près 1.500 familles ont été évacuées à titre préventif. Comptez 225 personnes de trois douars évacuées à Tétouan, 420 personnes à Ouezzane, 420 autres à Taza et 1.100 familles de 15 douars à Larache.
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On déplore le décès d’une personne suite aux feux ravageurs enregistrés à Larache, la région la plus sinistrée et où l’incendie de la forêt Lambika (dite aussi La Hipica) est actuellement maîtrisé, alors que celui de la forêt du Khémis Sahel a été, quant à lui, circonscrit.
Canicule, réchauffement climatique et négligencesDes équipes d'intervention au sol, composées de centaines de membres des Forces armées royales, de la Gendarmerie royale, des forces auxiliaires, de la protection civile et des services des eaux et forêts ainsi que des autorités sécuritaires et locales, de même que des volontaires issus des populations locales, sont actuellement pleinement mobilisées. En renfort, des camions-citernes, des ambulances, quatre Canadair spécialisés dans la lutte contre les feux de forêt et autant d’appareils d'épandage agricole sont déployés afin de maîtriser les flammes.
Les causes principales de ces incendies ne sont autres que la vague de chaleur et la canicule qui sévissent actuellement au Maroc, où les températures atteignent les 45°C. La donne sera de plus en plus structurelle. En cause, le réchauffement climatique. Mais pas seulement. Contacté par Le360, le météorologiste Mohamed Belouchi indique que derrière les départs des feux se trouvent souvent les comportements irresponsables des riverains.
«Les hausses des températures qui frappent le Maroc ces jours-ci, et qui sont causées par la montée des masses d'air sec et chaud venant du Sud et du Sahara, coïncident avec les vents de chergui qui poussent ces masses d'air plus sec et plus chaud vers le nord du Maroc», un environnement propice aux déclenchements d'incendies, nous explique-t-il.
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L’expert souligne néanmoins que les feux de forêt ont augmenté durant les célébrations de l’Aïd al-Adha, puisqu'à cette occasion, plusieurs citoyens sont allés camper en forêt, ont allumé leur barbecue, et ce, sans prendre les précautions nécessaires.
Le Maroc s’armeCes incendies ne sont pas l’apanage du Maroc. Toute la Méditerranée est concernée. Par exemple, le sud-est de la France, principalement la Gironde, fait face depuis plusieurs jours à de nombreux foyers de feux de forêt, qui ont brûlé plus de 7.600 hectares de végétation, dans un contexte marqué, là encore, par une canicule sans précédent et un printemps très sec. Le réchauffement climatique étant désormais une donne structurelle participant grandement à ces incendies, le Maroc en prend acte et agit.
En août 2021 déjà, les Forces armées royales ont passé commande de 3 avions Canadair dont les essais ont déjà démarré. Cela portera à 8 le nombre de Canadair-CL 415 dont dispose le Royaume. De fabrication canadienne, cet appareil peut effectuer plusieurs rotations par heure pour écoper, puis larguer sur les feux, un peu plus de 6.000 litres d’eau en l’espace de quelques secondes. Il suffit de 12 secondes seulement au-dessus d’une réserve d’eau (un lac, un bassin, de l'eau de mer, une rivière, etc.) d’une profondeur de 2 mètres et d’une largeur de 90 mètres au minimum pour que ce pompier des airs fasse une recharge complète d’eau.