En ces temps difficiles, le directeur d’un établissement de formation professionnel n’a pas trouvé mieux que de vendre ses diplômes. Oui, les vendre comme une vulgaire marchandise. Et pas n’importe quel diplôme, puisqu’il s’agit de celui d’un opticien-lunetier qui touche donc directement à la santé des citoyens. D’après le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 25 juillet, cela s’est passé à Meknès, et la police est heureusement intervenue à temps pour mettre fin à ce trafic.
En effet, relate le quotidien, le directeur est vite tombé dans une guet-apens qui lui a été tendu par les services de police après une plainte déposée au bureau du procureur du Roi. D’après le quotidien, le directeur de l’établissement de formation en optique et optométrie, agréé par l'OFPPT, a été appréhendé alors qu’il s’apprêtait à recevoir une somme de 5.000 dirhams. Ce montant lui était remis par un jeune homme qui n’a jamais fréquenté son établissement, en contrepartie d’un diplôme certifiant qu’il avait terminé son cursus dans ledit établissement et réussi ses examens. Muni de ce document, il aurait donc été habilité à exercer en tant qu’opticien.
L’opération a été bien préparée à l’avance et menée conjointement par les services du Parquet et la police judiciaire. Les numéros de série des billets de banque ont été photographiés avant la remise de l’argent au directeur. Et le jeune homme, le faux acheteur du faux diplôme, était accompagné d'une inspecteur de police au moment de la remise de la somme. Au moment de la transaction, le directeur est même allé jusqu’à demander une rallonge, soutenant que les 5.000 dirhams que ses deux client venaient de lui remettre n’étaient qu’un premier acompte. Mais il n’a pas eu le temps d’encaisser le reste, puisqu’il a été arrêté sur le champ et en flagrant délit. Il va néanmoins être poursuivi en liberté provisoire, précise le quotidien.
Citant un responsable du syndicat professionnel des opticiens au Maroc, Assabah souligne que la vente des diplômes dans le domaine est un phénomène courant. D’après la même source, des personnes, souvent sans formation ou mal formées, accèdent facilement à l’exercice de la profession. Ce qui représente un danger pour la santé publique.
Le responsable syndical met en cause l’organisation de la formation. D’un côté, le secteur compte des écoles privées exerçant dans les normes et prévoyant une formation de trois années après le bac, tout en se montrant intransigeantes en termes d’assiduité et pour ce qui est des examens. De l’autre côté, il est des établissements de formation professionnelle, agréés par l’OFPPT, qui ouvrent leurs portes à des jeunes sans bac. Ces établissements sont peu regardants sur l’assiduité, alors qu'elle est très importante pour assurer une formation de qualité.
Partant de là, tout en invitant les responsables à mettre de l’ordre et surtout à contrôler le secteur de la formation, le responsable syndical espère également que l’enquête menée par la police judiciaire sous la supervision du parquet pourra aboutir à l’arrestation de toutes les personnes impliquées dans ce trafic de faux diplômes.
D’après le quotidien, au moins deux autres individus seraient impliqués dans cette affaire, puisque le faux-diplôme saisi par la police porte, en plus de la signature du directeur, celle de deux autres personnes.