Mode: le hijab dans tous ses états

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Revue de presseKiosque360. Alors que la mode du foulard islamique fait grincer des dents chez nos voisins français, elle bat son plein au Maroc, aux dépens de l’économie locale.

Le 21/01/2020 à 19h12

Nike, Tugba, H&M… Autant d’entreprises qui se sont mises au goût du jour. Et la tendance n’est autre que le Modest wear, à traduire par habit pudique. Une mode qui, si elle ne contrecarre en rien les principes religieux, entache largement l’économie locale. «Le marché mondial de la mode islamique est estimé à environ 500 milliards de dollars en 2020», explique Issam Benhssine, directeur général d’un cabinet de conseil juridique, dans l'édition de janvier du mensuel BAB édité par la MAP. Au Maroc, les chiffres ne sont pas si faciles à obtenir et il serait, toujours selon le magazine, difficile de chiffrer un tel segment.

A une époque il fallait se rendre chez une couturière pour faire confectionner des vêtements sur mesure. Aujourd’hui, les femmes voilées n’ont qu’à se rendre dans les galeries marchandes et se servir. Si les designers marocains n’ont pas pris le train en route, c’est que la concurrence est rude. Le Made in Morocco est notamment dérangé par la production turque qui exporte en masse depuis la signature, en 2006, de l’accord de libre-échange entre le Maroc et la Turquie.

Mais il n'y a pas que ça. L’Inde et la Chine sont aussi sur le podium des principaux fournisseurs du pays. En effet, le volume des importations de textile et habillement en provenance des trois pays connaît une croissance sans pareil. La Chine enregistre à elle seule 4.419 millions de dirhams en 2011 contre 388 millions de dirhams en 2001. Quant au Made in Turkey, il est passé de 333 à 2.276 millions de dirhams, tandis que le Made in India est passé de 401 à 1.151 millions de dirhams. De fortes importations qui fragilisent le marché marocain. Ce dernier ne peut s’en plaindre, puisque l’offre elle-même n’est pas exorbitante. Certaines enseignes telles que Diamantine ou encore Marwa proposent ce type de vêtements. Toutefois, les Marocaines boudent leur production nationale, jugée non qualitative, rapporte BAB. 

Ce n’est pourtant pas le Made in China qui fait de l’ombre à cette production au niveau de la qualité. Selon Omar Kettani, économiste, la clé du succès serait la formation. «Si on arrive à former ne serait-ce que 200 ou 300 couturières par an qui puissent transmettre leur savoir-faire à de jeunes apprenties, dans le cadre d’ateliers offerts à titre bénévole ou rémunéré, on aura jeté les premières bases d’un marché local de l’habillement islamique, au lieu de nous rabattre sur les marques turques ou autres», explique-t-il au magazine. 

Alors que le caftan marocain est fièrement brandi par les plus grandes stars sur les tapis rouges, il serait dommage de rater le coche avec le Modest wear.

Par Maya Zidoune
Le 21/01/2020 à 19h12