Comment est née l’idée de l’application «My Anoc Market place»?L’application est née suite à la pandémie de Covid-19 qui a touché le Maroc en 2020, avec toutes ses conséquences et son impact sur un certain nombre de secteurs économiques dans le pays, dont le secteur de l’élevage.
Beaucoup de nos éleveurs adhérents à l’association, qui compte à peu près 15.000 adhérents, se sont trouvés dans une situation compliquée avec la fermeture des souks, et avec les restrictions de limitation des déplacements des personnes et des marchandises.
Vous savez, pour l’éleveur, l’élevage des animaux, c’est une sorte de trésorerie permanente. Chaque semaine, lorsqu’il y a des souks hebdomadaires, il prend une tête, il l’emmène au souk, il vend l’animal et il achète ce dont a besoin sa famille. Donc les éleveurs pour la plupart n’ont pas de liquide. Avec la fermeture des souks, ils se sont retrouvés démunis, et nous avons donc pensé à une alternative.``
Tout ce qui est proposé dans cette application émane exclusivement de la production des éleveurs adhérents à l’ANOC?Oui, tout à fait. Nous avons pensé à cette solution pour éviter les arnaques, pour maîtriser le système, et pour l’instant, nous la limitons aux éleveurs de l’ANOC. Ce sont des éleveurs que nous connaissons, et nous avons un lien direct avec eux.
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Cette application est en ligne depuis le 22 juin 2022. Combien de tête d’ovins et de caprins sont proposés?Actuellement je ne peux pas vous donner de chiffre. Il y a une alimentation régulière chaque jour, il y a des éleveurs qui s’ajoutent, il y a des animaux qui se vendent, et du coup, ils ne figurent plus dans l’application qui est mise à jour au quotidien.
Mais je peux vous dire qu’il y a actuellement à peu près 5.000 têtes disponibles, qui sont reparties dans toutes les régions du Maroc, mais c’est approximatif.
Jusqu’à 6.000 têtes disponibles sur la plateforme… Comment cette vitrine a-t-elle été constituée?C’est un travail d’un an et demi à peu près qui a été effectué avec des organismes spécialisés dans le développement des applications, et avec nous, en tant qu’experts du métier. Nous avons tenu des dizaines de réunion, on se réunissait une fois par semaine pendant dix mois, et jusqu’à la fête de Aid Al-Adha de l’année dernière, où nous avons réalisé un premier test, mais sans l’annoncer officiellement.
C’est à ce moment que nous avons mis l’application à l’épreuve, nous avons corrigé plusieurs choses après, et nous avons corrigé plusieurs aspects dont le volet logistique entres autres… Et nous avons pu lancer la version officielle cette année. Celle-ci a été officiellement annoncée le 22 juin par le ministre de l’Agriculture.
Malgré tous les ajustements techniques, des bugs persistent sur l’application. Plusieurs internautes se plaignent de l’inexistence des photos…Quel est le problème?La demande importante a fait que tout le monde a essayé de se connecter en même temps, de télécharger l'application en même temps, et cela a créé une saturation. Mais nous avons pris contact avec le service technique pour augmenter la capacité des serveurs, et nous avons effectué un certain nombre de paramétrages informatiques pour qu’on puisse répondre à cette forte demande en très peu de temps.
Nous appelons les internautes à effectuer la mise à jour de l’application pour pouvoir accéder à My Anoc Marketplace, dans sa version améliorée et avec toutes ses fonctionnalités.
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Les consommateurs s’intéressent de plus en plus à l’état du mouton qu’ils achètent. Comment cette application garantit la bonne santé de la tête mise en vente?Il faut savoir que rien que le fait que les animaux qui sont mis en vente, appartenant aux éleveurs adhérents de l’ANOC, garantit leur bon état de santé.
Dans le programme d’encadrement annuel que nous offrons à nos éleveurs adhérents, il y a un programme d’encadrement sanitaire. Nous menons quasiment quatre campagnes contre les maladies parasitaires, contre toutes les infections à caractère dangereux pour avoir un cheptel en bonne santé. On surveille aussi les aliments qui sont fournis au cheptel.
Depuis le lancement jusqu’à ce jour, combien de têtes sont-elles été vendues sur l’application?Nous avons eu déjà 15.000 téléchargements de l’application depuis le lancement officiel. Et ça augmente chaque jour!
Jusqu’à hier, lundi 27 juin 2022, nous avons reçu 224 commandes. Ça reste un petit chiffre, lorsqu’on le compare à l’intérêt grandissant pour l’application et visible via le nombre de téléchargement, mais nous nous attendons d’ici quelques jours à une hausse de la demande.
Quels ont été les moyens que vous avez instaurés pour que cette application soit opérationnelle, et pour éviter les bugs?Comme je vous l'ai dit, nous avons commencé à travailler en septembre 2020. Nous avons effectué une première conception, par tous les intervenants dans le projet: l’école nationale des sciences appliquées de Oujda, l’ANOC , le ministère [de l'Agriculture, Ndlr] qui a beaucoup appuyé le projet, et il y avait aussi un prestataire, spécialisé dans le développement des applications.
Ces quatre partenaires se sont réunis et nous nous sommes mis d’accord sur le projet. Nous avons choisi un petit panel de notre association, constitué de cadres techniciens et d’éleveurs, on voulait avoir le point de vue de tout le monde.
Le service informatique prenait note, posait des questions et essayait de répondre à nos besoins: comment crééer un compte? Comment intégrer des animaux? Comment traite-t-on une commande? Si un animal est vendu, comment le retirer de l’application, pour pas le commander plusieurs fois? La logistique, le service après-vente avec les clients…Tout cela a été bien étudié.
Avec cette application, le client achète son mouton depuis sa localité. Comment lui est-il ensuite acheminé?Oui, exactement. Il y a plusieurs régions concernées: l’Oriental, le Moyen Atlas, la région de Casablanca-Settat, Souss-Massa, jusqu’à Ouarzazate et la région du Nord.
Lorsqu’on fait son choix sur l’application, le prix affiché est le prix de l’animal. Une fois commandé, on se retrouve devant trois options au choix. Soit le client vient chercher l’animal, et dans ce cas, il ne paie rien du tout, soit il choisit le point-relais: tous les acheteurs de Rabat, par exemple, se retrouvent dans un lieu de rassemblement, et ils paient un supplément de 100 dirhams. Enfin, il y a l’option de la livraison à domicile, et son prix varie en fonction de la distance. Le maximum est fixé à 300 dirhams.
Cette application a essentiellement pour objectif de couper l’herbe sous le pied des spéculateurs, qui font augmenter le prix des moutons à l’approche de Aïd Al-Adha. Mais à qui s’adresse au juste My ANOC Market Place?Cela permet à un certain nombre d’acheteurs qui n’ont pas une vraie connaissance du secteu de connaître toutes les caractéristiques recherchées, grâce à l'application, sans recourir à un intermédiaire. Tout est mentionné: la taille de l’animal, son poids, l’endroit où il est élevé…
L’application ne s’adresse donc pas aux revendeurs?Les clients visés pendant Aïd Al-Adha sont les consommateur finaux. C’est l’objectif initial. Rapprocher l’acheteur primaire des producteurs. Rien n’empêche une personne d’acheter une quinzaine de moutons par exemple. Nous offrons la possibilité d’acheter directement [son mouton]de chez le producteur.
Mais l’application, qui va fonctionner toute l’année, vise aussi à répondre aux besoins des bouchers grossistes et des bouchers détaillants.
Comment la tarification a t-elle été établie sur l’application? Il y en a pour toutes les bourses. A partir de 1150 dirhams, jusqu’à 6.000 dirhams par tête. Cette année, il y a les jeunes ovins et jeunes caprins de l’année, donc ils sont disponibles même à partir de 800 dirhams sur le marché.