La police judiciaire vient d’interroger une femme membre du PJD, ainsi que le traiteur qui aurait organisé la cérémonie de mariage coutumier du journaliste vedette d’Al Jazeera, mariage auquel ont, d’ailleurs, assisté de nombreux dirigeants du parti islamiste. D’après le quotidien Al Akhbar, qui revient sur cette affaire dans son édition du jeudi 24 janvier et cite des sources proches du dossier, le tribunal de première instance de Rabat, qui a émis un mandat d’arrêt contre le journaliste, n’a pas agi suite à une quelconque plainte.
Ainsi, affirme le journal, le tribunal a ouvert une enquête sur initiative du Parquet qui l’avait ordonnée au moment de l’éclatement de cette affaire de mariage coutumier dans laquelle sont impliqués Abdelali Hamieddine, aujourd’hui accusé dans une affaire de meurtre, ainsi qu’un avocat du PJD. Les faits remontent, d’ailleurs, à la période où le Parquet relevait encore du ministère de la Justice, dirigé alors par Mustapha Ramid.
Sur instructions du procureur du roi, la police judiciaire a donc interrogé K.F., en tant que «partie» dans ce mariage coutumier. Cette dernière a d’ailleurs produit un «acte» formalisant ce mariage, acte rédigé par un avocat membre du PJD, sous le témoignage de deux membres du même parti. La police a, de même, entendu le traiteur qui a organisé la cérémonie de fiançailles. Et c’est dans ce cadre que le tribunal a également convoqué la deuxième partie concernée dans cette affaire, le journaliste Ahmed Mansour.
Comme ce dernier ne s’est pas présenté devant les enquêteurs, la police judiciaire a émis un mandat d’arrêt contre lui, puisqu’il est question d’un délit puni par la loi marocaine. Selon le journal, ce mandat d’arrêt est toutefois limité au territoire national. Ainsi, le journaliste d’Al Jazeera sera, de ce fait, interdit de séjour au Maroc, au risque d’être arrêté et présenté devant la justice.
K.F. a affirmé, lors de son interrogatoire, qu’elle avait fait la connaissance du journaliste en 2012, lors du 7e congrès du PJD auquel elle participait comme volontaire au service des relations extérieures. Elle était chargée, avec d’autres volontaires, d’accueillir les invités étrangers venus assister à ce congrès. C’est ainsi qu’à son accueil par son hôtesse, le journaliste avait engagé la conversation avec elle, s’enquérant de son travail et de sa situation familiale. Elle lui avait alors confié qu’elle était divorcée et mère d’un garçon. A la fin de séance d’ouverture du congrès, il a insisté pour la revoir et lui a proposé un mariage coutumier. Ce qu’elle s’est empressée d’accepter. Pendant tout l’interrogatoire, elle a insisté sur le fait que l’acte de mariage, bien que n’étant pas légal parce que non enregistré, restait néanmoins légitime du point de vue de la religion. Cela sans doute pour éviter d’être accusée d’avoir eu des relations sexuelles extraconjugales. Elle a cependant nié avoir voyagé à l’étranger, en Turquie notamment, avec le journaliste, dans le cadre d'une lune de miel. Citant d’autres détails, elle a affirmé que l’acte avait été rédigé à son domicile, à Salé, en présence de son père et de son frère, ainsi que d’un dirigeant du PJD et d’un avocat du même parti. En revanche, les adouls n’étaient pas présents.
K.F. admet même avoir reçu une dot de 50.000 dirhams. Les deux parties s’étaient mises d’accord pour enregistrer l’«acte» auprès des autorités compétentes en Egypte, une fois accomplies les formalités administratives d’usage. Mais les événements qui se sont succédé, depuis, dans ce pays, les en ont empêchés. Le projet est donc tombé à l’eau et, selon les dires de la «mariée», les deux parties ne se seraient plus revues.
