Où va l’argent de la politique de lutte contre l’analphabétisme?

La cour d'appel de Rabat.

Revue de presseLa gestion de l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme (ANLCA) serait émaillée de moult dysfonctionnements et de graves irrégularités qui tombent sous le coup de qualifications pénales. Une enquête judiciaire vient d’être ouverte, sous la supervision du parquet général compétent. Les détails dans cette revue de presse qui provient du quotidien Al Akhbar.

Le 23/12/2024 à 19h59

Le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat vient de charger la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de mener une enquête et des investigations sur une affaire de détournement et de dilapidation de deniers publics à l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme (ANLCA).

Cette enquête a été diligentée sur la base du rapport de la Cour des comptes ayant relevé de graves dysfonctionnements et des irrégularités dans la gestion de l’ANLCA, depuis 2015 jusqu’à 2023.

D’après les sources du quotidien Al Akhbar, qui se penche sur ce sujet dans son édition du mardi 24 décembre, «Madame Zineb El Adaoui, Premier Président de la Cour des Comptes, a transmis le rapport accablant sur l’ANLCA au Président du ministère public, El Hassan Daki, qui l’a transféré au procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat, qui a chargé la Brigade régionale de la police judiciaire d’ouvrir une enquête».

Cette enquête, explique Al Akhbar, porte sur «les graves irrégularités ayant entaché la gestion de l’ANLCA, dont des subventions accordées à des associations sans concrétiser les projets objet de partenariat, en plus den malversations dans l’édition de plusieurs manuels, qui n’ont pas profité à leurs bénéficiaires, et la programmation de cours fictifs de lutte contre l’analphabétisme dans les mosquées».

De plus, les espaces de formation étaient inadaptés (à raison de 16%), allant de simples appartements à des maisons résidentielles, alors que les espaces publics (des écoles, des collèges, des lycées et des complexes socioculturels), réservés à la formation, ne représentaient que 18% des locaux utilisés pour les cours dédiés à la lutte contre l’analphabétisme.

Autant dire que les moyens mis à la disposition de l’ANLCA n’étaient pas investis pour aboutir aux résultats escomptés en matière de lutte contre l’analphabétisme, qui restent insatisfaisants, fait remarquer le rapport de la Cour des Comptes.

Depuis 2015, jusqu’à la fin de l’année 2023, indique Al Akhbar, «l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme (ANLCA), qui a dépensé environ 2,97 milliards de dirhams, dont 84% des recettes proviennent du budget de l’Etat, a conclu environ 70 conventions avec des institutions nationales, des communes et des partenaires internationaux».

En ce qui concerne les finances de l’Agence, le rapport a révélé que le budget était passé de 247,32 dirhams en 2015, à 968,23 dirhams en 2023, avec un taux annuel d’augmentation de plus de 21%.

Par Mohamed Younsi
Le 23/12/2024 à 19h59