La reconnaissance de la valeur du travail domestique représente un levier essentiel pour le renforcement des droits sociaux de la femme.
Ce fut là le plaidoyer de Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, qui intervenait en ce début de semaine lors d’un colloque international organisé à Rabat.
Pour le ministre, le travail domestique est bien ancré dans les coutumes et traditions marocaines, mais ne bénéficie toujours pas de la reconnaissance juridique qu’il mérite, en particulier dans les cas de divorce.
Dans son édition de ce mercredi 16 avril, Al Akhbar revient sur les moments forts de ce colloque, en particulier les messages clés qu’a fait passer le ministre de la Justice.
Ce dernier y a en effet consacré son intervention à la reconnaissance du travail domestique non rémunéré et à la nécessité de le prendre en compte dans le partage des biens lors des séparations conjugales.
Le ministre a ainsi mis en lumière les enjeux que représente le débat sur ce sujet, qui s’inscrit dans le contexte actuel de révision du Code de la famille.
Comme le rapporte le quotidien, Abdellatif Ouahbi a rappelé que les femmes passaient souvent des années à s’occuper de leur foyer, à élever les enfants et à gérer les affaires familiales, et certaines estimations considèrent qu’elles consacrent jusqu’à 70% de leur temps au service de leur famille.
Cet effort considérable devrait donc être reconnu, selon le ministre, comme une contribution, réelle, à l’enrichissement du patrimoine familial.
Sur le même registre, Abdellatif Ouahbi a plaidé pour une reconnaissance juridique de ce travail, qui constituerait un pas important vers une justice sociale effective et un partage équitable des richesses au sein de la famille.
Il a estimé que ce débat reflète une volonté nationale de faire évoluer le Code de la famille vers plus d’équité et de stabilité pour les femmes et les foyers marocains.
Par ailleurs, Al Akhbar explique que Patricia Lombart, représentante du Conseil de l’Europe, s’est également prononcée sur ce sujet lors du même colloque.
Après avoir salué la coopération avec le Royaume dans le domaine des droits des femmes, elle a insisté sur le lien étroit entre la reconnaissance du travail domestique non rémunéré, la dignité humaine et la justice sociale.
Elle a également appelé à renforcer les compétences des magistrats afin d’accompagner ces évolutions juridiques et sociales.
Évoquant l’expérience française en la matière, Stéphanie Huyberhard, vice-présidente de la Cour constitutionnelle française, a expliqué de son côté que la loi prévoit depuis 1975, dans son pays, le partage des biens après le divorce.
Des réformes ultérieures ont permis d’attribuer la propriété du logement à l’un des conjoints dans certains cas, en reconnaissance de sa contribution à la gestion de la vie familiale, même sans revenu direct.
À l’instar de ses confrères qui ont pris la parole lors de l’événement, elle a aussi insisté sur l’importance de promouvoir l’égalité et l’équité au sein même du couple, reconnaissant toutefois que même le droit européen manque encore aujourd’hui de textes explicites sur le travail domestique.
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