Le projet de loi-cadre relatif à la réforme du système de santé n’est pas encore voté qu’il suscite déjà une polémique. D’après l’hebdomadaire La Vie éco, qui aborde ce sujet dans son édition du vendredi 23 septembre, c’est particulièrement les dispositions relatives à la mise en place d’un parcours de soins coordonnés (PSC) qui, à la fois, irrite et divise les praticiens du secteur libéral.
L’article 12 de ce projet de loi-cadre énonce, en effet, qu'un patient du secteur libéral «doit impérativement passer par un médecin généraliste». Ce passage obligatoire ne passe pas chez les spécialistes. Or, c’est l’ossature de ce dispositif qui sera généralisé une fois cette loi adoptée. L’hebdomadaire parle, justement, de généralisation puisque le PSC est déjà en vigueur dans le secteur public depuis 2007.
Logiquement, s’il est dupliqué dans le secteur privé, c’est qu’il a fait ses preuves dans le public. Sur papier, le patient s’adresse d’abord au centre de santé de son quartier. C’est là qu’il reçoit les premiers soins. Si son cas le nécessite, le médecin du centre l’oriente chez un spécialiste au sein de l’hôpital provincial ou même au CHU. Dans la réalité, les patients préfèrent sauter les étapes et s’adressent directement au CHU.
Bref, au-delà du fait que ce circuit permet d’accompagner et d’orienter le patient, de gérer le dossier médical, d’assurer en coordination avec le médecin spécialiste le protocole de soins pour une maladie de longue durée, entre autres, il permet également des gains significatifs en argent et en temps. En effet, d’après l’hebdomadaire, le PSC permettra d’éviter la multiplicité des consultations, des prescriptions de médicaments et des examens médicaux. Il permet par conséquent la maîtrise des dépenses de soins pour les ménages et la rationalisation des dépenses pour les caisses de sécurité sociale et les mutuelles.
Manifestement, tout cela ne semble pas convaincre les praticiens du secteur privé qui ont organisé une levée de bouclier contre cet article. Selon un spécialiste en oncologie cité par l’hebdomadaire, «le passage chez un médecin traitant ou un généraliste pourrait entraîner une perte de temps et un retard du diagnostic. Retard qui pourrait être grave, voire fatal». Un autre spécialiste, gastrologue cette fois, également repris par La Vie éco, confirme: le passage par un PSC «se traduirait par la perte d’un nombre conséquent de patients qui pourraient se contenter d’un suivi chez un généraliste». Tout est dit, le véritable souci des détracteurs de ce circuit est qu'ils ont peur de perdre leurs patients.
Les oncologues, les gastrologues, les rhumatologues, les cardiologues sont presque tous contre la perspective de mise en place de ce PSC. Naturellement, il y a des spécialistes que cette éventualité n’affecte pas. Pour des raisons évidentes, on ne peut pas s’adresser à un généraliste avant d’aller chez un ophtalmologue ou un pédiatre, de même qu’une femme s’adressera directement à un gynécologue sans passer par un généraliste. Dans ces cas-là, le problème ne se pose pas.
Bref, pour sortir de l’impasse, selon les spécialistes, les généralistes doivent diriger, dès la première consultation, les patients chez un spécialiste. D’après l’hebdomadaire, c’est déjà le cas. Citant cette fois une association de médecins de secteur liberal, l’hebdomadaire affirme que, normalement, dès que le médecin détecte un problème au niveau du cœur, des poumons ou autres organes, il oriente le patient vers un spécialiste.
Cela permet de gagner du temps et de limiter les dépenses de santé. Sauf que, selon la même source, «très souvent, lorsqu’un généraliste adresse un patient avec des bilans complets à un confrère spécialiste, celui-ci lui demande de refaire tous les examens. Et c’est là que nous sommes confrontés à une perte de temps et d’argent aussi ».