La rentrée scolaire est pour bientôt. Toutes les écoles privées sont prêtes à accueillir les élèves à compter du 7 septembre. Les crèches aussi, mais ces dernières qui dépendent du ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports -et non du ministère de l'Education- attendent toujours que leur département de tutelle les autorise à ouvrir leurs portes.
"Nous avons tout mis en place, établi un guide sanitaire, investi dans les outils et les moyens pour respecter les mesures sanitaires en ces temps de Covid-19, diminué le nombre d'enfants par classe, scindé les classes en deux groupes qui vont alterner: un le matin, un autre l'après-midi., mais nous attendons toujours l'autorisation pour commencer à travailler", explique Asmaa Sefrioui, présidente de l'Association marocaine des crèches privées (AMC), créée il y a deux ans, et qui regroupe une quarantaine d'institutions dans tout le Royaume.
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Dans une lettre adressée à Othman El Ferdaous, ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, datée du 31 août, l'association fait part de son incompréhension face à la crise que vit le secteur de la petite enfance et du préscolaire au Maroc. "A quelques jours de la rentrée scolaire, nous n’avons toujours pas reçu d’instructions claires et officielles quant à l’ouverture de nos établissements. La reprise semble très compliquée et nous sommes à bout de souffle. Nous avons l’impression que notre secteur a été oublié. Nous avons envoyé plusieurs alertes et informations, et ce sans aucun retour", peut-on lire dans ce document dont Le360 s'est procuré une copie.
Asmaa Sefrioui rappelle que les parents d'élèves qui ont déjà réglé les frais d'inscription les sollicitent pour savoir quand ils pourront emmener leurs enfants à l'école. "Aujourd'hui, des parents commencent à nous demander de les rembourser et certains planifient déjà d'emmener leurs enfants dans des centres de loisirs, ou plus grave, dans des crèches informelles où aucune mesure sanitaire n'est respectée", souligne la présidente de l'AMC.
Sur les réseaux sociaux, fleurissent en effet des annonces d'anciennes maîtresses d'écoles ou d'éducatrices à la retraite offrant un enseignement en présentiel chez elles, par petits groupes, moyennant 100 dirhams par jour. Or, "parmi les personnes qui proposent ces prestations aux parents, beaucoup ont été licenciées de certaines structures pour incompétence", confie le directeur d'une crèche à Casablanca sous couvert d'anonymat.
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Cette situation inquiète les professionnels, car si certains parents rechignent à emmener leurs enfants à la crèche de peur de les voir contracter le Covid-19, ils semblent oublier que dans ces groupes à domicile, le risque est encore plus accru. "Nous avons visité ces espaces incognito et nous pouvons vous assurer qu'aucune norme n'est respectée. Au lieu d'encourager l'informel, le ministère ferait bien d'autoriser les crèches qui ont déjà plus de 20 ans d'expérience à ouvrir et à travailler", souligne un autre professionnel de la petite enfance.