Il s'appelle Younes Tsouli. Il a défrayé la chronique cette semaine, en mettant le feu au domicile de ses parents à Rabat et en mobilisant tous les services sécuritaires du pays, un jour seulement après son retour de Grande-Bretagne, d'où il a été extradé, sans que les autorités de ce pays n'attirent l'attention de leurs homologues marocaines sur sa dangérosité.
Né au Maroc, Younes Tsouli, 32 ans, a fait ses études au lycée Descartes de Rabat. En 2001, il est parti à Londres pour poursuivre ses études dans le domaine des technologies de l'information au Westminster College of Computing. Selon un document de l'ACPO (Association of Chief Police Officers), qui le qualifie de cyberterroriste, Tsouli a été inculpé d'incitation au terrorisme. Il a été condamné en 2007 à seize ans de prison.
Un clin d'œil à James BondActif sur la Toile depuis 2003, le cyberjihadiste se faisait appeler «irhabi 007» (en référence à James Bond) et était décrit comme étant le plus influent cyberterroriste d'Al-Qaïda. Il faut dire qu'il donnait des cours de fabrication de bombes, faisait l'apologie des crimes de la mouvance de Ben Laden et diffusait sur Internet les horreurs du groupe Attawhid wa al-jihad (Unification et guerre sainte) d'Abou Moussab al-Zarqaoui en Irak. Il était célèbre pour être l'expert capable de pirater les sites les plus sécurisés et d'y laisser des fichiers de propagande d'Al-Qaïda tels que des vidéos de décapitation de prisonniers américains – dont Nick Berg, Jack Hensley, Paul Marshall Johnson Jr. – et le magazine de l'organisation terroriste Sawt al-jihad (La voix du jihad).Tsouli se chargeait aussi de former d'autres volontaires au piratage informatique pour servir la cause de l'internationale jihadiste. Arrêté en octobre 2005 dans une maison à Sheperds Bush à l'ouest de Londres, il a été accusé de «conspiration pour meurtre, conspiration pour explosion, collecte de fonds et d'articles à des fins terroristes».
Séjour en prison de haute sécuritéDerrière les barreaux de la prison de haute sécurité Long Lartin depuis 2007, Tsouli devait être remis en liberté en novembre 2014, mais la découverte d'un numéro du magazine d'Al-Qaïda dans sa cellule dans la prison de Woodhill, où il a été transféré, a retardé sa relaxe. Mais ce n'est pas tout ! Sa libération a a été également contrariée par une lettre adressée à son père, que l'administration de la prison Long Lartin a interceptée, et dans laquelle Tsouli faisait l'apologie du jihad.
Une fois libéré, il a dû faire face à la décision de sa déportation, prononcée par la cour londonienne Old Bailey. Un verdict dont il a fait appel en faisant valoir le droit d'asile et le droit d'être préservé de «la torture, des traitements dégradants ou inhumains». Une requête qui a été rejetée par la justice britannique, d'où son fracassant retour au bercail. La suite, vous la connaissez.