La question de la dépénalisation de la culture du cannabis revient sur le devant de l’actualité, cette fois par le biais de l’ONU. Désormais, la plante n’est plus classée comme «drogue dangereuse», selon l’Organisation. Ainsi, 27 Etats, dont le Maroc, ont voté dernièrement en faveur d’une motion de reclassement de cette plante, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du lundi 7 décembre. Le vote a eu lieu au sein de la Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND) qui a adopté un certain nombre de décisions. Lesquelles décisions ont eu pour conséquence des changements dans la réglementation du cannabis au niveau international, y compris son reclassement hors de la catégorie des drogues les plus dangereuses.
Le Maroc, écrit le quotidien, est le seul pays de la région MENA à avoir voté pour cette résolution et l’un des deux pays africains à avoir voté favorablement pour cette résolution. Dans la région MENA, l’Algérie, l’Egypte et le Bahreïn ont voté contre cette résolution, parmi les 23 autres pays qui s’y sont opposés. Bref, les 53 Etats membres de la CND ont donc voté, à la majorité, pour retirer le cannabis des listes de contrôle les plus strictes où il a figuré pendant 59 ans et qui décourageaient même son utilisation à des fins médicales.
Cette décision, estime le quotidien, pourrait ouvrir la porte à des recherches scientifiques supplémentaires sur les propriétés médicinales de la plante, annoncées déjà depuis longtemps. Ces recherches, une fois leur sérieux prouvé, pourraient ainsi agir comme un catalyseur pour que les pays légalisent la drogue à usage médical et reconsidèrent les lois sur son usage récréatif. Notons que plusieurs pays, notamment ceux des deux Amériques, ont déjà légalisé la consommation du cannabis durant ces dernières années.
En effet, ce sont actuellement plus de 50 pays à avoir adopté des programmes relatifs au cannabis médicinal, tandis que le Canada, l'Uruguay et 15 États américains ont légalisé son usage récréatif. Le Mexique et le Luxembourg sont également sur le point de le faire. De ce fait, le vote au sein de la commission de l’ONU est quelque peu tardif et vient même entériner un fait accompli.
La question de la dépénalisation de la culture du cannabis refait à nouveau l’objet d'un débat public au Maroc, constate le quotidien. La Commission spéciale du nouveau modèle de développement vient ainsi de lui consacrer une séance d’écoute. En outre, d’après Al Ahdath Al Maghribia, qui cite un récent rapport de l’Union européenne, l’industrie du cannabis pourrait générer pour le Maroc des revenus annuels de l’ordre de 900 millions de dollars à compter de l’année 2023, au cas où sa culture serait dépénalisée et son utilisation légalisée.
Le marché du cannabis représente, au niveau continental, près de 7,1 milliards de dollars en raison de la forte demande internationale pour cette matière, précise le quotidien. Notons à ce propos que près d’une dizaine de pays africains, qui l’ont déjà légalisé, comptent tirer profit du marché florissant, et en pleine croissance, de la commercialisation du cannabis médical. Le Maroc, poursuit le quotidien en citant le rapport de l’UE, compte actuellement un peu plus de 1,5 million de consommateur et le gramme de cannabis est vendu en moyenne à 78 dirhams.
La culture du cannabis assure des revenus à 90.000 à 140.000 ménages au Maroc. Elle assure également un emploi à près de 800.000 personnes, dans un marché estimé, globalement, à près de 10 milliards de dollars par an. En même temps, le Maroc fournit l’Union européenne de 70% de la consommation en cette matière.