La brigade régionale de la police judiciaire de Fès est en train d’enquêter sur une bien curieuse affaire qui a lieu à Séfrou. Cette affaire concerne une association proche du PJD et du président de la commune, également du parti islamiste. Ce dernier accorde des subventions, sous un titre fallacieux, à cette association pour un travail qu’elle ne fait pas, ou qu’elle ne fait pas correctement. Un travail qui relève, de surcroît, d'attributions propres de la commune.
D’après le quotidien Al Akhbar qui commente cette affaire dans son édition du jeudi 13 juin, le président de la commune aurait, en effet, mandaté cette association pour débarrasser la ville des chiens errants. Pour ce faire, la commune lui verse une dotation budgétaire de 100.000 dirhams par an. Le comble est que cette association reçoit cette subvention en tant qu’«association sportive».
Pire encore, note le journal en reprenant la déposition faite devant la police par un membre de l’opposition istiqlalienne du conseil de la ville, on dénombre actuellement pas moins de 1.600 chiens errants qui «squattent» la décharge, au demeurant anarchique, de la ville. Ces chiens ne manquent pas de faire irruption de temps en temps dans les rues de la ville, ce qui constitue une menace réelle pour les habitants. Une militante associative vient d’ailleurs d’être justement mordue par l’un de ces chiens, précise le journal.
Bien plus, interpellé par des membres du conseil de la ville lors d’une précédente session, le président de l’association a reconnu que cette dernière s’était quelque peu laissée aller, accusant un certain relâchement dans l’exécution de sa mission. Mais, souligne le journal, en l’absence, d’après lui, d’une autre alternative, le président de la commune insiste pour continuer à verser cette dotation annuelle à l’association pour faire un travail qu’elle s’est pourtant avérée incapable d’accomplir. Pour l’opposition, cette association continue de recevoir les subventions de la commune juste parce qu’elle est proche du PJD.
Et ce n’est pas tout. La même association s’est vu également accorder par le conseil de la ville la gestion et le droit d’exploitation d’un souk de bétail hebdomadaire. Mais, au lieu d’utiliser le site réservé à ce souk aux fins pour lesquelles elle a été mandatée selon une convention signée avec la commune, soit comme un marché de bétail, l’association l’utilise pour l’élevage de chevaux et le dressage de chiens.
Bref, conclut le journal, cette affaire est actuellement devant la justice. Les services de la police judiciaires ont déjà entendu, en tant que témoins, plusieurs membres du conseil de la ville, plus précisément ceux faisant partie de l’opposition, qui ont fait une déposition devant la brigade de la police judiciaire de Fès.