Pourquoi Ahmed Réda Chami préconise-t-il la création d’un ONSSA bis?

Ahmed Réda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). 

Ahmed Réda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE).  . DR

Revue de presseKiosque360. En réaction au récent rapport du Conseil économique, social et environnemental, la création d’une nouvelle Agence Nationale de Sécurité sanitaire des aliments a été proposée. Les détails.

Le 07/06/2020 à 22h49

Dans son édition du 8 juin, le quotidien arabophone Assabah fait un focus sur l'une des principales recommandations du dernier rapport publié par le Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui préconise la création une nouvelle entité chargée de garantir la sécurité sanitaire des produits alimentaires, pour se substituer potentiellement à l’ONSSA. 

Des sources proches du journal affirment que la proposition portée par le Conseil présidé par Ahmed Réda Chami ne s'appuie sur aucune connaissance approfondie du terrain. Et d'ajouter que la thèse corroborée par le CESE va à l'encontre du bon sens. Le journal évoque "un règlement de compte" impliquant le président du Conseil qui entendait créer une entité similaire, lorsqu'il était à la tête du ministère de l'Industrie, du commerce et de l'investissement. 

Assabah explique qu’Ahmed Réda Chami n’avait pu mettre à exécution, à l'époque, cette idée dont il était le principal instigateur. En effet, son entourage ne disposait d'aucune expertise dans le domaine, contrairement aux fonctionnaires des directions au ministère de l'Agriculture, qui jouissaient d'une expérience avérée sur le terrain en matière de contrôle et protection des consommateurs.

Il faut dire que le CESE a été pour le moins "sévère" dans sa dernière livraison, dont le titre annonce d'emblée la couleur: "Pour une véritable politique publique de sécurité sanitaire des aliments axée sur la protection des consommateurs et favorisant une compétitivité durable de l’entreprise aux niveaux national et international". Elaboré sur la base d'une approche participative, le rapport est le résultat d'un large débat entre les différentes catégories qui composent le Conseil, en plus des auditions organisées avec les principaux acteurs concernés. 

Le CESE tire la sonnette d'alarme sur la multitude d'établissements ne disposant ni d’agréments ni d'autorisations sanitaires et qui mettent sur le marché des produits exposant le consommateur à des dangers avérés mais non maîtrisés. C'est le cas, notamment, des abattoirs. En effet, seuls 8 abattoirs de viande justifient de l'agrément de l’ONSSA, soit moins de 1%. De même, à peine 8% de la viande de poulet provient de circuits contrôlés, sur les 570.000 tonnes produites en 2018. 

Parmi les facteurs catalyseurs, toujours selon le Conseil: les chevauchements des compétences, la prédominance de l'économie souterraine et le champ limité des associations de défense des droits des consommateurs. 

Ainsi, la série de recommandations délivrée par le CESE vise à "mieux tenir compte des besoins des consommateurs" et s'attaque de front au ministère de l'Agriculture, qui chapeaute l’ONSSA, en proposant d'entamer une transformation profonde de cette dernière et de la remplacer par une Agence Nationale de Sécurité sanitaire des aliments, investie de larges pouvoirs de contrôle, de surveillance et de correction.

Par Maya Zidoune
Le 07/06/2020 à 22h49