La «Grande évasion», le 8 mars, de 11 personnes en détention préventive dans le district de police de Hay Essalam revient sur les Unes de la majorité des quotidiens arabophones paraissant ce jeudi 12 mars. Du nouveau, il y en a bien sûr dans les colonnes de nos confrères de la presse écrite. «Le scandale de ''la grande évasion'' à Salé se termine par la suspension de trois policiers et l’arrestation de huit fuyards», titre Al Massae qui affirme que la DGSN a suspendu trois policiers en service au moment où les onze prévenus se sont fait la belle. Le journal indique que cette décision a été prise sur la base des conclusions d’une mission d’enquête dépêchée sur place par Bouchaib Rmail, directeur de la DGSN. Le quotidien Al Akhbar abonde dans le même sens en expliquant qu’un vent de panique souffle sur les milieux sécuritaires de la ville qui appréhendent les résultats d’autres enquêtes toujours en cours. Al Akhbar nous informe également que, sur les 11 fuyards, 8 ont été réincarcérés avec cette précision que 4 d’entre eux ont choisi de leur plein gré de se livrer.
L’article publié en Une d’Assabah est plus riche en détails sur cette affaire qui passionne l’opinion locale, mais aussi nationale. Le quotidien, grâce à ses sources, a pu reconstituer le film de l’évasion. Ce matin du dimanche 8 mars, trois policiers avaient pour mission de gérer la geôle située au sous-sol du commissariat et ses multiples (et non moins ingérables) occupants, le lendemain d’un samedi et dans une ville aussi «chaude» que Salé. L’un des trois policiers accompagnait un prévenu aux toilettes. Le deuxième luttait contre un colosse bourré de psychotropes pour lui passer les menottes. Pendant ce temps-là, les onze fuyards n’ont pas fourni trop d’efforts pour venir à bout du grillage de la porte de la geôle et disparaître dans la nature. A en croire Assabah, l’un des fuyards serait actuellement en Mauritanie alors qu’un autre serait activement recherché dans la région de Ouezzane, sa ville natale. Les autres, qui ont été réincarcérés, ont été longuement interrogés avant d’être déférés, mercredi 11 mars, devant le Parquet. Avec, à la clé, un chef d’accusation supplémentaire: le délit d’évasion qui s’ajoute aux coups et blessures et autres agressions à main armée. Cependant, il y a un autre fait assez surréaliste dans cette drôle d’affaire. En effet, écrit Assabah, le procureur de Salé aurait auparavant attiré l’attention sur la vétusté des locaux de la police et sur la médiocre qualité des matériaux de construction. Comme quoi, les onze fuyards n’avaient ni le génie de Michael Scofield et encore moins, la ténacité et la patience des dix détenus salafistes de Kénitra qui, en avril 2008, avaient creusé un tunnel sous la prison pour retrouver l’air libre. Il avaient été repêchés l'un après l'autre...