Faire confiance à son frère. Quoi de plus normal? Pourtant, Hajja Souad le regrette aujourd’hui amèrement. «La confiance aveugle que j'avais en mon petit frère que j’ai éduqué, toujours soutenu, dont j'ai soigné les enfants… m’a menée en prison, là où je n’aurais jamais imaginé être un jour», a-t-elle témoigné dans son récit pour Le360, dans ce sixième épisode de votre émission ramadanesque Prison Stories.
Hajja Souad menait une vie paisible avec ses enfants. Héritière d'une entreprise familiale, au même titre que son frère et ses oncles, les transactions commerciales faisaient partie de son quotidien. «Un jour, j'ai eu besoin d’argent pour un investissement, et j’ai demandé à mon frère, mon associé, de me prêter une somme de 5 millions de dirhams que j’allais lui rembourser, sans faute, dans un délai court. Il a accepté sans aucun problème. Mais quelques jours plus tard, il a envoyé mon neveu avec lequel, depuis toujours, je n'ai pas vraiment eu de relation, me demander un chèque de garantie», raconte-t-elle, la voix triste. Quelques jours plus tard, Hajja Souad s'est rendue chez son frère pour lui rendre son dû, comme prévu.
«Je lui ai dit: "voici ton argent, rends-moi mon chèque"... Et là, il m'a répondu que le chèque se trouvait toujours chez mon neveu, qu’il ne fallait pas que je m’inquiète, qu’il allait me le rendre», relate-t-elle.
Lire aussi : Prison Stories. Ep4. «Moi, Amal, mon oncle m'a fait jeter en prison trois jours avant mon mariage»
Ce fut là la grande erreur qu'a commise Hajja Souad: rembourser l’argent dû, avant de récupérer son chèque de garantie.
«Le procureur me l’a dit. Il ne fallait absolument pas lui remettre l’argent sans avoir pris mon chèque. Mais je lui ai répondu que je lui faisais confiance, puisque c’est mon frère. Est-ce que je ne vais pas avoir confiance en mon frère?», s'exclame-t-elle.
Après l’avoir envoyée en prison, le frère de Hajja Souad n’a à aucun moment retiré sa plainte, et n’a, de plus, assisté à aucune audience au tribunal.