Les membres de sa cellule l’appelaient «El Haych» (l’ogre), «Moul triporteur», ou encore «El Houat» (le poissonnier), car c’était l’un des petits métiers qu’il avait exercé à Témara.
Lors de son interpellation, les éléments des forces spéciales ont dû faire face à sa farouche résistance. Abderrazak A., car tel est son prénom et l'initiale de son nom dans l'état civil, s'était armé d’une grande bonbonne de gaz qu’il avait l'intention de faire exploser. Au cours de cette opération, un des éléments du BCIJ avait même été blessé.
Toutefois, le qualificatif qui collerait le mieux à ce terroriste, âgé d’à peine la vingtaine, est celui de «Debbah» (L’égorgeur), surnom que porte d'ailleurs aussi son acolyte, qui avait quant à lui été arrêté à Tanger, dans le cadre du démantèlement de la même cellule par les forces du BCIJ.
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En effet, des envies de meurtre selon ce mode opératoire barbare, il en avait même fait une sorte de fixation. Son épouse, qui avait, tout comme lui, prêté allégeance à Daech, avait d'ailleurs révélé aux enquêteurs que son mari planifiait d’égorger un voisin qu’il soupçonnait de s’être converti au chiisme.
Dans des déclarations aux médias au moment du démantèlement de cette cellule, Abdelhak Khiame, patron du BCIJ, avait affirmé que Abderrazak A., dont le casier judiciaire était déjà bien garni (à cause de délits relevant du droit commun), se baladait toujours avec un sabre sur lui, dans le cas d'une éventuelle confrontation avec les services de sécurité.
Ce père de deux fillettes est de la trempe des kamikazes du 16 mai 2003, avait alors expliqué Abdelhak Khiame. C’est à dire qu’il était prêt à tout, comme en témoignent les matières chimiques et les ceintures explosives qu’il avait déjà préparées, avec la complicité des autres membres de sa cellule. Dans la foulée de l’enquête, les services de sécurité avaient déniché d’autres matières potentiellement dangereuses, susceptibles d’entrer dans la composition de charges explosives, qui étaient cachées dans un triporteur au sous-sol d’un immeuble de Témara où résidait sa soeur. D'où, d'ailleurs, le surnom qui avait fait sa triste célébrité.
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Si l’enquête est toujours en cours, au sujet de la cellule de Témara, Abderrazak A. a pu réaliser son funeste rêve en ôtant la vie à un jeune gardien de prison de Tiflet où il était emprisonné en attendant son jugement, en début de soirée, hier, mardi 27 octobre. Dans cette prison, le prévenu était classé «Alif» (A), soit identifié comme étant un détenu extrêmement dangereux.
L’enquête actuellement en cours, sous la supervision du Parquet compétent, va donc devoir d’abord fournir des détails sur la manière dont le prévenu a bien pu se procurer l’objet contondant qui lui a servi à attaquer le gardien de prison, sachant que cet établissement pénitentiaire est catalogué dans la catégorie des prisons de «Haute sécurité», avec des cellules individuelles pour les prévenus dangereux, comme l'est Abderrazak A.