Des extrémistes ont attaqué un jeune pour avoir emmené une jeune fille chez lui. Cela s’est passé à Rabat, et ce n’est pas un cas isolé. Les atteintes aux libertés individuelles se sont multipliées de nouveau. Et des extrémistes se sont investis du droit de faire appliquer ce qu’ils considèrent comme la loi. C’est une preuve, s’il en est encore besoin, que la problématique des libertés publiques au Maroc n’est pas liée aux textes de loi. Ce sont les mentalités qu’il faut également, et surtout, changer, commente le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 29 mai.
Ce dernier cas d’agression contre un jeune homme juste pour avoir exercé sa liberté, sans porter atteinte à celle des autres, a eu lieu dans une résidence chic sur la corniche de Rabat. Selon l’information relatée par le quotidien, ce sont les propres voisins du jeune homme qui l’ont agressé, avec la complicité des membres du syndic de l’immeuble où il habite. Dans les faits, au moment où le jeune homme s’apprêtait à rentrer chez lui avec sa campagne, quatre individus les ont interceptés à l’entrée de l’immeuble, dont deux font manifestement partie d’un courant islamiste intégriste. Ils leur ont bloqué l’accès à l’intérieur de la résidence, sous prétexte qu’ils ne sont pas mariés.
Ils ont d’abord commencé par essayer de dissuader le jeune homme de faire entrer la jeune femme à l’intérieur de l’immeuble, arguant que c’est une résidence «occupée par des familles», mais quand il a insisté, avançant qu’étant locataire et que du moment qu’il ne fait pas de tapage, il est libre d’inviter chez lui qui il veut, le ton a changé. Les agresseurs n’ont pas apprécié son entêtement à disposer comme tout le monde de ses libertés individuelles. Ils ont donc, commencé à le rouer de coups après l’avoir copieusement insulté. Sa campagne a eu la présence d’esprit de tout enregistrer. La justice dira certainement son mot.
Cette agression, souligne le quotidien, intervient au moment où le débat est relancé depuis plusieurs mois déjà sur la question des libertés publiques, notamment les relations sexuelles entre adultes consentants, dans le cadre de la réforme annoncée du code pénal.
Ce cas, relève l’éditorialiste du quotidien, nous amène à poser encore une fois cette question à laquelle on peine toujours à trouver réponse: qu’est ce qui nous pousse, nous Marocains, à toujours vouloir fourrer notre nez dans la vie des autres? Qu’est ce qui nous pousse à espionner constamment les autres, nos voisins, les passants, l’étranger … et à épier constamment leurs faits et gestes, depuis nos fenêtres, debout dans le coin de la rue, ou assis dans le café du quartier? Personne ne le sait et personne ne le saura jamais.