Rabat. La double souffrance des personnes atteintes de cancer

DR

A Rabat, des patients cancéreux racontent leur double calvaire face à la maladie et au laxisme des responsables. A l’hôpital d’enfants, les opérations ne sont plus possibles faute de climatisation. A l’hôpital Sidi Mohamed ben Abdellah, les traitements manquent.

Le 05/10/2017 à 14h46

Des malades cancéreux vivent un vrai calvaire à Rabat. A l’hôpital d’enfants du Centre hospitalier Universitaire de Rabat, les opérations chirurgicales, même urgentes, sont en stand-by. La raison évoquée par les malades: un dysfonctionnement au niveau du circuit de climatisation. «Cela fait 15 jours que ma fille a été admise à l’hôpital en attendant son transfert au bloc opératoire pour subir son opération», explique ce père à le360. Le jour de l’opération, soit le lundi 2 octobre, la fille n’entrera finalement pas au bloc. L’opération ne peut avoir lieu.

«J’arrive au bloc, on me dit que la climatisation ne marche pas. Toutes les opérations sont reportées et cela risque de prendre plusieurs jours», confie le père, scandalisé. «Nous devons attendre jusqu'à la semaine prochaine en espérant que la climatisation fonctionnera à nouveau…», dit-il. Un autre problème se pose: les blocs sanitaires dans les chambres sont hors service. «Pas d’eau ni électricité durant 15 jours, le faux plafond est quasi en ruine….et il n'y a pas l’ombre d’une réparation de prévue», raconte notre source.

Contactés, les responsables au CHU rejettent en bloc toutes ces accusations. «Il y avait en effet un souci avec la climatisation dans le bloc opératoire lundi matin, mais des opérations ont bien eu lieu aux urgences», déclare Anouar Charqaoui, le directeur de communication du CHU Ibn Sina à Rabat. «Si le bloc était opérationnel dès lundi après-midi, pour quelle raison on ne m'a pas fixé de rendez-vous pour le 4 octobre par exemple, je suis obligé d’attendre mercredi prochain….et lorsque je pose la question, on me dit c’est en réparation. Ma fille, je l’ai sortie hier de l’hôpital en attendant le prochain rendez-vous…Ce n’est pas sérieux…», s'exclame, furieux, le père de la jeune fille.

A l'institut d'oncologie Sidi Mohamed ben Abdellah, l’heure est tout aussi grave. Cela fait quinze jours que des patients cancéreux attendent leurs séances de chimiothérapie et autres traitements. «On a dit à ma femme qu’il n'y avait pas de médicaments diponibles et qu’il fallait attendre. Entretemps, l’état de santé de mon épouse s’est fortement dégradé», confie cette source à le360.

Ce traitement dont devait bénéficier cette patiente souffrante d’un cancer depuis un an et demi coûte 16.000 dirhams. Lorsque son époux a demandé des explications, la seule réponse qu'on lui donne est: «Il n’y a pas de médicaments». Pour l'épouse, les choses risquent de se compliquer, car si ce protocole n’est pas administré dans un délai maximal de 21 jours, il faudrait reprendre le traitement depuis le début. «Si ce délai est dépassé, l’effet des précédentes séances est annulé…», affirme notre interlocuteur.

Contacté par le360, le médecin chef Jawad Belahcen, directeur de l’hôpital Moulay Abdellah à Rabat dément, là encore, catégoriquement. «Après vérification, je peux vous assurer qu’il n’y a aucun souci avec ce protocole et le médicament est disponible». Pourtant notre source est formelle: le médicament est en rupture et elle ne serait pas la seule à vivre cette situation.

Par Qods Chabaa
Le 05/10/2017 à 14h46