Ramadan: la «police des mœurs» sévit à Casablanca et Martil

Dr

Revue de presseKiosque360. Deux jeunes femmes ont été prises à partie, le week-end dernier. Les raisons? L’une avait voulu se baigner, l’autre portait une jupe. Les «redresseurs de torts» seraient-ils de retour?

Le 12/06/2017 à 22h10

Les «redresseurs de torts» ou la «police des mœurs» seraient-ils de retour? C’est la question que se pose, dans son édition de ce mardi 13 juin, Al Ahdath qui rapporte deux incidents ayant respectivement eu lieu, ce week-end, à Casablanca et à Martil.

Dans la Métropole, écrit le journal, une jeune femme a ainsi été prise à partie par un groupe d’individus pour avoir voulu se baigner sur une plage de Aïn Diab, pourtant à l'abri des regards. Après l'avoir empêchée de profiter des vagues, ses agresseurs l'ont empêchée de se rhabiller et obligée à se diriger vers la rue, en maillot de bain, pour l'exhiber «en exemple». Pour ses agresseurs, autoproclamés «Ayatollah», elle n’avait pas à se «dénuder» sur la plage à quelques heures de la rupture du jeûne: une «fitna» pour les croyants, mâles, cela va de soi!

A Martil, une jeune femme a subi le même sort. Alors qu’elle se trouvait, en compagnie de son père, au Marché central de cette ville côtière du nord du pays, elle a été attaquée par un groupe d’individus qui jugeaient déplacée sa tenue, soit une jupe et un débardeur qui laissait voir les bras. En essayant de s’interposer, son père a été, à son tour, sauvagement attaqué.

Il ne s’agit nullement d’actes isolés, souligne Al Ahdath qui rappelle plusieurs malheureux incidents du genre, notamment ceux du jeune homosexuel de Fès et des jeunes femmes d’Inzegane.

Interrogé par la publication, Mohamed Nechnach, ex-président de l’OMDH, impute la responsabilité à l’Etat qui recourt aussi à la religion pour justifier certains agissements. Il dit regretter le recul du rôle éducatif de la famille, de la société et de l’école. «Les guerres et les conflits internes commencent généralement par ce genre d’agissements», affirme encore le Dr. Nechnach dans ses déclarations à Al Ahdath.

A noter, cependant, que la police de Martil affirme n'avoir reçu aucune plainte pour agression d'une jeune femme à cause de sa tenue vestimentaire.

Par Zineb El Ouilani
Le 12/06/2017 à 22h10