Ramadan sous les tentes à Taroudant: résignation et solidarité après le séisme

Lors de la préparation du ftour au douar Messouna, relevant de la commune rurale de Tafingoult de Taroudant.

Le 17/03/2024 à 10h40

VidéoAu douar Messouna, situé dans la commune rurale de Tafingoult à Taroudant, les familles vivent un ramadan pas comme les autres, entre tentes de fortune et une solidarité qui réchauffe les cœurs en ces temps difficiles. Reportage.

Le 8 septembre 2023, la terre a tremblé au douar Messouna, laissant derrière elle des communautés ébranlées, mais invaincues. Les tentes et les maisons modulaires, érigées sur les cicatrices laissées par le séisme, forment aujourd’hui le décor d’un ramadan pas comme les autres. C’est une histoire de résilience, de foi et de renouveau que vivent ces familles, loin des fastes habituels, mais proches de l’essence même de ce mois sacré.

Souad Moubarak, résidente du douar Msouna, partage son quotidien avec une voix qui vacille entre tristesse et espoir: les conditions de vie sous les tentes et les maisons modulaires sont loin d’être idéales, avec le froid qui s’installe la nuit et une chaleur accablante le jour. Les habitants s’organisent tant bien que mal, certains partant dès l’aube à la recherche de nourriture ou s’affairant à des tâches essentielles pour la communauté, raconte-t-elle.

Les repas de rupture du jeûne, composés de mets simples comme la harira, le baghrir ou encore le msmen, sont préparés avec les moyens du bord. La prière collective, moment de recueillement intense, offre une pause spirituelle bienvenue, un instant de paix dans le tourbillon des épreuves… Malgré les difficultés, un sentiment de gratitude prévaut, nourri par l’espoir et la générosité des uns et des autres, partage-t-elle.

Abdelkebir Belkas, les yeux humides d’émotion, évoque les pertes et les espoirs de la communauté. Il dresse un portrait saisissant des épreuves traversées par les résidents de sa région, désormais contraints de s’abriter sous des toiles précaires, balayées par les vents glacials et les ardeurs du soleil. À travers ses mots se dessine le contraste frappant entre le ramadan de l’année écoulée, célébré dans l’intimité chaleureuse des maisons, et celui d’après le cataclysme, qui a vu cette sérénité familiale être ébranlée pour la première fois de mémoire d’homme.

Il souligne également l’impact dévastateur du séisme sur le bétail, véritable colonne vertébrale de l’économie locale, avec la perte de plus de 600 animaux. Cette hécatombe a plongé les habitants dans une précarité sans précédent, accentuant encore l’ampleur du drame humain vécu par la communauté, regrette-t-il.

Malgré la rudesse de leur quotidien, les habitants puisent dans leur foi et leur détermination une force insoupçonnée, tissant entre eux des liens d’entraide et de solidarité plus solides que jamais. Des lueurs d’espoir surgissent grâce à des actions bienveillantes, comme celle d’une association qui a érigé des habitations préfabriquées pour vingt familles, leur offrant ainsi un havre de paix... et un semblant de normalité.

Par M'hand Oubarka
Le 17/03/2024 à 10h40