D’emblée, le président de l’Association, le bâtonnier Elhoussain Iziani, debout comme un seul homme devant 5.000 avocats au théâtre Mohammed V de Rabat, a commencé son intervention en rejetant purement et simplement les dispositions «controversées» des réformes du Code de la procédure civile, du Code de la procédure pénale et du Code pénal.
Outre les 17 bâtonniers issus des différentes régions judiciaires, Driss Lachgar, premier secrétaire de l’USFP, Nabila Mounib, SG du parti socialiste unifié, Driss Azami et Mustapha Khelfi, membres du secrétariat général du PJD (islamistes), étaient présents.
Les avocats ont scandé des slogans défendant les droits qu’ils considèrent comme menacés. Ils ont aussi brandi des pancartes appelant à la «dignité, à l’union, à la mobilisation et au respect des droits». L’Association a réitéré son engagement à rester mobilisée jusqu’à «la délivrance», qui interviendra quand le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi et le gouvernement accèderont aux revendications des avocats.
En outre, ils n’excluent pas l’usage de la grève pour faire pression sur l’Exécutif. Dans les coulisses, des avocats ont même avancé l’idée d’un probable arbitrage royal. «Nous ne céderons pas», a affirmé le président de l’Association dans un entretien avec Le360. Jamais, dans l’histoire du Maroc, «la profession n’a connu pareille crise», a-t-il martelé en réclamant du gouvernement une «meilleure gestion de la législation».
Il a appelé à la rectification du projet du Code de procédure pénale, le plus décrié, qui se trouve actuellement à la Chambre des conseillers. Pour sa part, la députée et avocate issue du PPS, Loubna Sghir, a évoqué les articles controversés des différents codes, notamment un article du Code de procédure civile rejeté par les avocats et qui permet au parquet de «rejuger une affaire jugée».
Le texte instaure «un mandataire» en faisant abstraction de l’avocat, annule le recours en Cour de cassation pour les affaires de moins de 80.000 dirhams et interdit aussi tout recours auprès des cours d’appel pour les dossiers de moins de 40.000 dirhams.
À propos du Code de procédure pénale, les avocats dénoncent l’absence de défense lors de l’instruction et rejettent les entraves faites aux ONG et aux personnes qui voudraient porter plainte contre les abus présumés en matière de deniers publics.