Réhabilitation du lac Rahrah à Tanger: les travaux arrêtés, le site laissé à l’abandon

Lancé il y a plus d’un an, le projet de réhabilitation et de valorisation du site écologique du lac Rahrah à Tanger tarde toujours à être finalisé. (S.Kadry/Le360)

Le 15/09/2024 à 09h35

VidéoPlus d’un an après son lancement, le projet de réhabilitation et de valorisation du site écologique du lac Rahrah à Tanger est toujours en suspens, sans qu’aucun progrès significatif n’ait été réalisé. Les travaux sont arrêtés, laissant le site dans un état d’abandon qui défigure la zone et suscite la frustration des visiteurs ainsi que des habitants.

Lancé il y a plus d’un an, le projet de réhabilitation et de valorisation du site écologique du lac Rahrah à Tanger tarde toujours à être finalisé, et aucune indication ne permet d’affirmer qu’il sera achevé dans un avenir proche. Abandonné en l’état, le site, autrefois prometteur, est désormais perçu comme un point noir qui non seulement dégrade l’environnement mais dérange également les visiteurs et les habitants de la zone. C’est ce que relève Le360, qui s’est rendu sur place pour constater l’ampleur de l’abandon.

Ce projet, initié par la commune de Tanger en juin 2023, avait pour objectif de protéger le patrimoine naturel de la ville tout en mettant en valeur le site du lac Rahrah, avec l’espoir de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des résidents. Situé à proximité du quartier Mesnana, à l’ouest de la ville du Détroit, le site couvre une superficie de 4,5 hectares, y compris le lac. L’initiative visait non seulement à protéger l’écosystème fragile du lac, mais aussi à en faire un espace récréatif et attrayant pour les habitants.

Avec un budget conséquent de 9,4 millions de dirhams, alloué par la commune, le projet devait être achevé dans un délai de six mois. Cependant, malgré l’importance des fonds et l’urgence écologique et sociale de sa réalisation, le chantier a été brutalement interrompu bien avant son terme. Plusieurs incidents graves sont venus entraver la progression des travaux, notamment l’effondrement d’une grande partie de la clôture du lac, un événement qui a révélé d’importants problèmes structurels. Des fissures et des défauts visibles ont également été signalés, compromettant davantage la stabilité du site et la sécurité des futurs usagers.

Ces anomalies ont suscité de vives interrogations quant à la qualité des travaux réalisés et à la gestion globale du projet. Une évaluation technique approfondie a été jugée nécessaire pour comprendre l’origine de ces dysfonctionnements.

En attendant les conclusions de cette évaluation, le chantier reste en suspens, sans perspective claire de reprise. Ce retard dans la livraison du projet pourrait non seulement augmenter les coûts prévus, mais aussi avoir des répercussions négatives sur la population locale, qui attendait avec impatience les bénéfices environnementaux et sociaux que ce projet devait apporter. Le lac Rahrah, au lieu de devenir un espace de détente et de biodiversité, risque ainsi de rester un chantier inachevé, symbolisant une gestion défaillante et des promesses non tenues.

Il y a quelques mois, face à l’indignation croissante et aux préoccupations exprimées par les habitants, la commune a officiellement attribué la responsabilité des fissures et des défauts observés sur le site à l’entreprise en charge du projet. Cette entreprise, qui avait remporté le marché public suite à un appel d’offres, s’est rapidement retrouvée au centre du scandale. Les accusations portées par la commune mettent en cause la qualité des travaux effectués, suscitant des soupçons sur une éventuelle négligence ou un non-respect des normes de construction.

Dans un communiqué précédent, la commune a annoncé avoir mis en place une commission technique pour mener une enquête approfondie. Cette commission, composée d’experts en génie civil et en urbanisme, a eu pour mission d’identifier les causes exactes des défaillances structurelles observées sur le chantier. L’objectif principal de cette enquête était de déterminer si les matériaux utilisés, les méthodes de construction ou la conception initiale du projet étaient conformes aux standards exigés.

La commune s’était également engagée à communiquer les résultats de cette enquête à l’opinion publique, une démarche visant à garantir la transparence et à restaurer la confiance des citoyens dans la gestion des affaires publiques. Cependant, malgré cette promesse, beaucoup de citoyens et d’observateurs attendent encore des réponses concrètes. Le retard dans la publication des résultats de l’enquête alimente les spéculations et exacerbe les tensions, certains accusant même la commune d’essayer de minimiser l’ampleur du problème ou de protéger certaines parties prenantes impliquées.

Ce scandale, bien que technique à première vue, est rapidement devenu une affaire politique, les élus locaux étant critiqués pour leur gestion du projet et leur capacité à assurer un suivi rigoureux. La réputation de l’entreprise incriminée est également en jeu, et l’issue de cette enquête pourrait avoir de lourdes conséquences, allant d’amendes financières à une exclusion des futurs appels d’offres publics. La question qui demeure est de savoir si la commune respectera son engagement de transparence et quelles seront les mesures concrètes prises pour rectifier les erreurs constatées sur ce chantier.

Par Said Kadry
Le 15/09/2024 à 09h35