Le 18 juillet dernier, la cour d’appel de Milan avait acquitté Silvio Berlusconi, après une peine de 7 ans de prison ferme infligée en première instance à l’ex-Cavaliere, dans le cadre du scandale sexuel "Rubygate". Trois mois plus tard, la même cour lève le secret sur les attendus du jugement qui avait suscité l’étonnement, voire l’incompréhension. Selon ces attendus, dévoilés jeudi et relayés par le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition de vendredi 17 octobre, Silvio Berlusconi a bien eu des relations sexuelles avec Ruby, de son vrai nom Karima El Mahroug, mais ne savait pas qu’elle était mineure. Il y a eu entre les deux "des actes rétribués de nature sexuelle", certifie la cour, "et il a été prouvé de manière certaine l’exercice d’activités de prostitution au cours des soirées auxquelles a participé" la jeune marocaine, dans la résidence de l’ex-Cavaliere située dans les environs de Milan, enchaîne la même cour, en allusion aux très controversées soirées bunga-bunga que Berlusconi définissait comme des "compétitions de burlesque, style french-cancan" mais qui, selon l’étymologie du terme, désigne des "scènes collectives de viol anal brutal" !
Objection «péché mineur» !
Mais ce n’est pas de cet œil "voyeuriste" que la cour d’appel considère ces scènes de "sexualité primitive". Après tout, là n’est pas la question. Le fait que Berlusconi savait que la marocaine de Fqih Bensaleh était mineure "n’a pas été démontré de manière adéquate" par le tribunal de première instance de Milan, statue la cour d’appel. Selon elle, le premier tribunal est parti d’une double supposition qu’un proche de l’ancien chef du gouvernement avait déjà rencontré Ruby et l’avait revue sur la scène "burlesque", théâtre du fameux bunga-bunga, et en avait informé le très noceur Berlusconi. Mais "la logique qui régit le cours des expériences humaines" ne constitue pas un argument pour "soutenir les conclusions d’un tribunal", objecte la cour d’appel de Milan, en ajoutant que Ruby elle-même "n’avait aucun intérêt" à faire savoir qu’elle était mineure. Voilà qui (nous) ramène à la case départ : Mais "quel intérêt" Karima aurait-elle à en faire tout un plat puisque ce qui l’aurait intéressée est ni plus ni moins que "l’argent" ? Tout compte fait, le père "Silvio" en a à revendre et aurait simplement pu calmer la "fille" à coups de "dinerii" et éviter de s’attirer les foudres d’un procès qui a écorné son image et compromis sa carrière politique.
Drôle de berlusconneries !
Ce scandale sexuel transalpin a produit une secousse telle que ses "répliques" sont parvenues jusqu’aux rivages sud de la Méditerranée. Dans une précédente interview à Al Akhbar, le ministre délégué à la Fonction publique, Mohamed Moubdii, également président du conseil de la ville de Fqih Bensaleh, aurait offert un cadeau providentiel à Berlusconi en alléguant que Karima était majeure au moment où elle faisait du "théâtre burlesque" dans la discothèque de l’ex-Cavaliere ! Une allégation qui, vraie ou supposée, avait été attrapée au vol par la presse italienne à scandales. Comment bouder son plaisir au moment où le «pape» de cette même presse écope d’une peine de 7 ans de prison ferme ? L’allégation, démentie par notre ministre, s’est pourtant répandue comme une traînée de poudre dans le pays de la Botte. Six mois après le verdict du tribunal de première instance de Milan, l’ex-Cavaliere se sort de ses "mauvais draps" et recouvre victorieusement sa "liberté". Cela dit, cette affaire à suspense n’est pas près de se terminer. On ne sait toujours pas si le parquet de Milan va se pourvoir en cassation. Qui a dit que "Le temps est un galant homme" ? L’auteur de l’excellent "Mariage de Figaro", Pierre-Augustin de Beaumarchais.