Le lobby de l’immobilier de Salé a refait surface après la «mainlevée» opérée sur un vaste terrain offert au conseil municipal pour l’aménagement d’un cimetière et la construction d’une mosquée et d’une piscine. Mais les élus en ont décidé autrement en décidant d’y construire des résidences de luxe. Pourtant, la pénurie de cimetières dans la ville a poussé certains citoyens de l’arrondissement d’Ahssine à creuser dans la décharge pour enterrer les leurs, comme l’a signalé un conseiller municipal lors d’une précédente session.
Ce dossier a provoqué un débat houleux lors de la séance tenue mercredi dernier par le conseil municipal. Une séance présidée par Jamaâ El Moâtassim, maire de la ville et directeur du cabinet du chef du gouvernement, qui a validé la mainlevée sur le don. Une décision qui a intensifié l’ambiguïté qui scelle le sort des terrains offerts par le défunt Miloud Chaabi au conseil municipal. L’homme d’affaires avait en effet cédé un terrain de 2600 m2 pour aménager un cimetière moderne, un deuxième de 1000 m2 pour la construction d’une mosquée et un troisième de 1000 m2 pour la construction d’une piscine. En contrepartie, Chaabi devait bénéficier d’une dérogation en urbanisme pour modifier des projets de construction de villas en immeubles.
Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du samedi 18 mai, que le conseil municipal a longtemps rechigné à mettre en œuvre l’accord signé officiellement avec Chaabi malgré la crise aigue des cimetières que connaît Salé depuis 2003. Mais les «arguments» du lobby de l’immobilier ont été plus convaincants pour les élus censés défendre leurs électeurs. Et pour cause, lesdits terrains cédés par Chaabi se trouvent à proximité de «Technopolis» où le prix des terrains a connu une hausse colossale. Selon les sources d’Al Massae, les plans de ce projet immobilier ont déjà été réalisés en attendant d’entamer les opérations de construction.
Le principal bénéficiaire de ce projet serait le fils de l’un des vice-présidents du maire, Jamaâ El Moâtassim. Un promoteur qui aurait accaparé la plupart des terrains non bâtis de la ville pour accumuler un nombre record de projets et de dérogations pendant l’exercice du conseil municipal actuel dirigé par le PJD.
Le maire, Jamaâ El Moâtassim, a été rudement questionné sur le sort réservé aux dons offerts à la ville après avoir eu recours, d’une manière abusive, à l’article 28 du code de l’urbanisme. Une façon d’accorder de multiples privilèges au lobby de l’immobilier et de fermer les yeux sur les violations de la loi. Il s’agit notamment d’infractions liées à un projet de logements économiques appartenant à un élu connu dans la ville et à celui de résidences luxueuses d’un promoteur qui a accaparé tous les marchés juteux.
Les mêmes sources affirment que le PJD, qui dirige la ville, avait pourtant protesté contre les conseils municipaux précédents au sujet de la carence en cimetières. Aujourd’hui, il ne donne aucune explication sur la transformation d’un terrain réservé à l’aménagement d’un cimetière en projet immobilier. Une décision qui contraste avec une crise de foncier qui a poussé certains citoyens à enterrer leurs proches dans d’étroits passages ou en exhumant de vieilles tombes.