Coupes de cheveux osées et travaillées; soins du visage… Jusqu’à il y a peu, ces pratiques étaient limitées, chez les hommes, à une catégorie de la population considérée comme issue des milieux aisés. Mais ces dernières années, la tendance est tout autre puisque les jeunes des quartiers modestes ou pauvres s’y mettent aussi, provoquant une véritable révolution chez les coiffeurs. C’est en tout cas le constat que fait Assabah dans son édition du mercredi 6 avril, expliquant que les temps du coiffeur classique qui proposait la même coupe de cheveux standard à tout le monde est loin derrière nous. Pour preuve, la publication en veut cet échange avec l'un des coiffeurs les plus anciens du quartier Oulfa à Casablanca. «Jamais je n’aurais cru devoir me lancer dans une course contre la montre pour moderniser le look de mon salon, ni même investir dans un tel matériel», témoigne-t-il, expliquant que son métier doit aujourd’hui tenir compte d’un changement de paradigmes où la beauté n’est plus exclusivement réservée aux salons de coiffure pour femmes. Comme «Ba Abdelouahed», qui se plaint que les jeunes de son quartier l’appelent ainsi, beaucoup de coiffeurs de l’ancienne génération ont dû s’adapter aux nouvelles tendances pour survivre dans le métier. Et cela n’a pas été de tout repos, comme le rapporte Assabah. Pour ces coiffeurs, les nouvelles modes sont synonymes d’utilisation d’un nouveau matériel et de nouveaux accessoires auxquels ils n’étaient pas habitués. Idem pour les produits de soins pour le visage ou les cheveux, qui sont tellement nombreux qu’on s’y perdrait presque. L’interlocuteur du quotidien ne manque pas d’humour, lorsqu’il se rappelle des premiers jours où il avait découvert ces nouvelles tendances. «Au début, je me disais qu’il était impossible que je me mette à maquiller les hommes et à prendre soin de leur visage, ou même à leur faire des coupes de cheveux étranges. Mais quand j’ai vu que tous mes confrères s’y mettaient, j’ai compris que c’était une tendance de fond et que, pour survivre dans le métier, il fallait m’y mettre aussi», déclare-t-il. Mais le plus amusant, selon «Ba Abdelouahed», c’est qu’après de longues années de métier, il se retrouve aujourd’hui contraint d’apprendre de ses propres apprentis, plus avertis des nouvelles tendances. Comme l’écrit le journal, il n’y a bien entendu pas que les coiffeurs de la génération de «Ba Abdelouahed» qui ont dû s’adapter aux nouvelles exigences de la clientèle. Les plus jeunes ne pouvaient non plus, bien sûr, se permettre d'ignorer ces changements. C’est le cas de ce jeune coiffeur trentenaire rencontré par Assabah. Pourtant pas très attiré par les nouveaux styles qui s'imposent dans la coiffure, le jeune homme s’y est mis aussi. «C’était nécessaire pour se faire une place dans le milieu, mais c’était aussi une occasion pour moi de faire valoir toutes les compétences que j’avais acquises jusque-là», raconte-t-il dans les colonnes du quotidien. Au final, comme «Ba Abdelouahed», ce jeune coiffeur se retrouve, malgré lui, à défendre le «nouveau look» qui envahit tous les quartiers.
Par Fayza Senhaji
Le 05/04/2022 à 19h17