Ils s’appellent Khalid Saoud El Halibi, Ahmed Anakib, Adam Adahlouss, Khalid Assoltan et bien d’autres illustres inconnus, à première vue. Car à moins d’être fan des chaînes salafistes intégristes, diffusées sur Nilesat ou encore sur YouTube, ces noms ne vous diront rien.
Ceux qui en ont connaissance sont aujourd’hui scandalisés. C’est en effet sur les noms de ces véritables apôtres khalijis du salafisme wahhabite que le choix du conseil de la ville de Témara est tombé, pour baptiser certaines rues de cette cité-dortoir, située non loin de Rabat.
L’affaire serait (presque) passée inaperçue, n’était-ce la vigilance de certains militants associatifs et politiques ainsi que celle d'un nombre impressionnant d’internautes. Le scandale a éclaté au cours de ce week-end et depuis, l'indignation se répand comme une traînée de poudre.
Au coeur de toutes les critiques, le conseil de la ville, composé majoritairement d’élus PJD (Parti justice et développement), et son président, Mouh Rejdali.
La Toile a fait le reste, et nombre d’initiatives ont émergé, à commencer par des appels à des propositions de noms de personnalités marocaines, pour remplacer ces noms «importés» et «à la dangereuse portée».
«A l'heure où nous commémorons les sinistres attentats du 16 mai 2003, des élus de la Nation osent baptiser des rues de Témara de noms de salafistes... Comment peut-on à ce point mépriser une Histoire, une culture, un peuple, des familles endeuillées et la mémoire des victimes???», s’indigne l’acteur associatif Ahmed Ghayet, sur sa page Facebook.
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Dans une tentative de justifications plutôt maladroite, la commune de Témara a indiqué qu’il s’agissait là d’une liste «très limitée de noms» parmi tant d’autres, et que le recours à ces appellations vient en réponse à «l’extension urbanistique que connaît la ville».
Elu (PJD) communal, Kamal El Kohli, refuse d’ailleurs de faire endosser la responsabilité d’un tel excès à sa seule formation politique.
«Ce genre de décisions est pris d’un commun accord entre tous les élus-membres du conseil communal qui sont du PJD, mais aussi de partis de gauche, de droite et du centre», affirme-t-il, précisant que le conseil en question est ouvert à toute modification et proposition de nouveaux noms.
C’est désormais chose faite.
«Les Autorités ont réagi très vite, ces dénominations honteuses ont été retirées», indique Ahmed Ghayet.